Situation : sur la pointe du Grand Gouin, à un kilomètre au nord-nord-est de l´agglomération de Camaret.
HISTORIQUE SOMMAIRE
La pointe du Gouin, promontoire rocheux, orientée sud-sud-ouest - nord-nord-est, bordé de falaises verticales à l´ouest et au nord, ferme à l´ouest l´anse de Camaret, et protège le port de Camaret, qui constituait, spécialement à l´époque où le tirant d´eau des navires était beaucoup plus faible, un point de débarquement possible.
Aussi, la première organisation militaire du site remonte-t-elle à la mise en état de défense de la région de Brest par Vauban en 1693, avec une densité particulière des batteries et retranchements tout autour de la rade de Camaret, depuis la pointe du Gouin jusqu´au pied des Lignes de Quélern (Louis XIV avait été averti des préparatifs de l´attaque anglo-hollandaise, mais le point précis du débarquement n´était pas connu).
La carte de Vauban (1695) et le plan de la bataille de Camaret (Archives de la Marine) indiquent ces organisations (1 batterie de 2 mortiers au sommet nord-ouest du Grand Gouin, dont une bombe coule une "caiche" [un ketch] chargé d´infanterie - 1 batterie de 2 canons au Petit Gouin).
Il s´agit en fait d´organisations sommaires faites en levées de terre que l´on retrouve, tout au long du 18e siècle, sur les cartes et états d´armements.
1758 (Archives Municipales de Brest, Inventaire du Fonds Langeron)
- Pointe du Gouin : 2 mortiers.
- Anse du Gouin : 4 pièces de 18 livres de balle et 4 pièces de 22 livres de balle.
30 janvier 1778 (Archives Municipales de Brest, Inventaire du Fonds Langeron)
- Pointe du Gouin : (en 5 batteries)
8 + 2 pièces de 22 livres de balle.
1 + 1 pièces de 18 livres de balle.
1 + 1 pièces de 12 livres de balle.
Occupées épisodiquement à chaque alerte, et souvent réparées du fait de la précarité de leur établissement et de leur isolement sans gardiennage permanent.
Après l´activité intense des années 1811 à 1814 (blocus continental) succède la longue période de paix de la Restauration. Ce n´est qu´en 1841 que la Commission crée à cet effet reprend l´étude d´ensemble de la défense des côtes. La batterie du Petit Gouin est alors réorganisée et dotée d´un réduit (1859).
L´évolution constante des matériels d´artillerie, tant de l´attaque que de la défense entraîne après 1870, de nouveaux remaniements (Sur un atlas des batteries de côte figure le croquis du projet d´une batterie fermée à fossé, flanqué de caponnières, à construire sur le Grand Gouin ; vers 1875-1880 (système Seré de Rivières) Aucune suite n´a été donnée à cette proposition), puis après la crise de l´obus-torpille, des renforcements de magasins à poudre.
Vers 1895, un plan de l´atlas des batteries de côte de la place de Brest représente la position au stade ultime de son évolution dans le système défensif français.
On y trouve d´est en ouest :
- Une batterie basse pour 4 canons de petit calibre, indiquée comme désarmée et contiguë au nord de l´ancienne batterie de 1858.
- Le réduit légèrement au-dessus,
- Sur un méplat dominant le réduit, une batterie haute pour 4 pièces de 95 mm modèle 1888 sur affût de campagne.
Sous l´occupation, les allemands construisirent :
- Sur le plateau sommital de la pointe, une batterie lourde pour 4 pièces de 220 mm modèle 1917 française en cuves bétonnées avec abris annexes (Batterie du Grand Gouin).
- Sur l´ancienne batterie basse française du Petit Gouin : 2 casemates d´artillerie pour pièces tirant vers l´est et battant le port de Camaret et la baie.
En 1944, [...] la batterie du Grand Gouin est complètement mise hors de service et la batterie haute de 95 mm française disparaît totalement.
DESCRIPTION
Ancienne batterie française (d´avant 1870)
Constituée à l´origine par un simple terre plein, bordé à l´avant par un parapet, l´ouvrage a été modifié [par] l´adjonction par les allemands d´une casemate d´artillerie type 671 en béton armé, tirant vers Camaret, et de deux petites abris annexes.
A l´extrémité nord, contre un des abris allemands, petite guérite en maçonnerie de pierre de taille.
A noter que la dalle de la casemate a été l´objet d´une tentative maladroite de camouflage consistant en une chape de mortier dans laquelle sont noyés de gros moellons.
Batterie basse de petit calibre
Orientée nord-sud, elle jouxte l´ancienne batterie d´avant 1870 et comportait à l´origine d´ouest en est :
- Une tranchée de service formant rue du Rempart, se terminant au nord, en cul de sac, sur l´entrée du magasin de batterie. Accès par le sud, par une volet d´escalier montant de l´ancienne batterie.
- Le terre-plein de la batterie, divisé en deux par une petite traverse pare-éclats en terre, et soutenu à l´arrière par un mur en maçonnerie de moellons de schiste, exhaussé à mi-longueur pour constituer la façade arrière de la traverse.
- Trois petits escaliers (à raison d´un à chaque demi plate-forme) entaillés dans le terre-plein, et un en bout à droite permettant au personnel d´accéder aux pièces.
Les quatre positions de pièce en cercle, en deux groupes de deux, de part et d´autre de la traverse centrale, avec radier cimenté et goujons de sellette disposés en cercle.
- Le parapet, avec mur de genouillère en maçonnerie de moellons entaillée d´une niche incurvée à hauteur de chaque pièce et comportant également des armoires à munitions.
A l´extrémité nord de la rue du rempart, un massif rocheux naturel forme traverse d´extrémité et défile la batterie aux coups venant du nord. Sous ce massif est aménagée l´entrée du magasin de batterie souterrain construit vers 1890.
- Il s´agit d´un petit magasin à munitions sous roc avec corridor d´accès brisé à angle droit, et entrée (ouverture en plein cintre à claveaux rayonnants harpés).
- Les allemands ont construit une casemate d´artillerie type 671 tirant dans la rade de Camaret, appuyée à gauche au massif rocheux, de telle sorte que le couloir de fond de la casemate prolonge l´entrée du magasin sous roc français ainsi réutilisé. La casemate occupe la moitié gauche de la batterie française.
Réduit
Implanté sur une plate-forme en profil mixte, taillée dans le versant est du massif de la pointe, et orienté nord-sud, avec entrée au sud.
Daté 1859, il est conforme au plan-type de corps de garde crénelé type n° 2 de la circulaire de 1846 (corps de garde pour batterie de 12 pièces et 40 hommes) sauf en largeur (10,35 mètres au lieu de 12,40 mètres).
- Maçonnerie de moellons de schiste. Encadrement de baies, corbeaux, tablettes de couronnement en gros appareil de granite claire dressé (harpé en ce qui concerne les montants de la porte d´entrée).
- Depuis son aliénation, l´ouvrage a subi quelques modifications en vue de le rendre habitable : - plate-forme supérieure couverte en bâtière, élargissement et création de fenêtres qui ont altéré les dispositions d´origine, sans toutefois altérer le volume.
Batterie haute de 95 mm
Citée pour mémoire : l'ouvrage a été rasé par les bombardements. Elle était armée de quatre pièces de 95 mm sur affût de campagne, tirant suivant une capitale diamétralement opposée à celle de la batterie de la droite des lignes de Quélern.
Secteur battu : 103 degrès.
Batterie du Grand Gouin
(Comparer cette batterie avec celle du même type existant à l'île de Ré : batterie Karola) pour six pièces de 220 mm long modèle 1917.
Ouvrage créé par les allemands, pendant l'occupation et couvrant une vaste emprise (au-dessus des batteries du Petit Gouin). Elle comporte : quatre positions de pièces pour chacune un canon français (prise de guerre remployée) de 220 mm long, modèle 1917, avec leurs soutes à munitions, abris à personnel, poste directeur de tir et position de défense contre avions (DCA) de défense rapprochée.
Les positions de pièces sont identiques et constituées chacune par une cuve bétonnée à ciel ouvert où était installé le canon et une vaste tranchée d'accès dans les parois de laquelle sont ménagées symétriquement à droite et à gauche les soutes à munitions et deux abris à personnel.
Ces positions sont implantées, pour des raisons de défilement aux vues du large, légèrement à contrepente de la crête. Seul le poste directeur de tir est implanté au-dessus de la falaise ouest de la pointe et se trouve vu.
Au dehors des positions de pièce, on trouve des abris annexes et des cuves pour pièces de Flak légères, réparties dans la zone d'emprise de la batterie. Toute la zone est criblée d'impacts de bombe et noyés sous une végétation dense (ronces).
Description sommaire
- Cuve de pièce : procède pas d'un type absolument standars mlais a été construites aux dimensions du matériel employé (diamètre de la cuve : 11,75 mètres entre parois). Cuve cylindrique à parois en béton armé dans lesquelles sont ménagées les niches à munitions, destinées aux projectiles et gargoussés immédiatement prêts à être tirés (dotation d'alerte).
- Tranchée d'accès : en plan incliné, elle débouche de plein pied dans la cuve, l'entrée dans la cuve pouvant être obstruée par des laminés s'empilant dans des glissières verticales ménagées dans deux plots en béton (projection contre des coups directs, venant de l'arrière et prenant en enfilade la tranchée d'accès).
Dans les parois de cette tranchée, on trouve successivement, d'arrière en avant et disposées symétriquement en vis à vis :
a) Deux soutes à munitions, constituant les magasins de pièces (abri à munitions n° 3 - type 641). (abri magasin ; gargousses ou artifices).
b) Deux abris identiques, du type abri passif pour 12 hommes (type pour le peloton de pièce).
En dehors des positions de pièces, on trouve en outre :
- Un poste directeur de tir et poste de commandement (PC) de batterie, variante du type 636, implanté au rebord ouest de la falaise.
Des abris type 641, 638 et 621 implantés à l'arrière est de la batterie, le long de la route descendant à la batterie du Petit Gouin.
Tout le matériel et l'équipement de la batterie ont disparu.
CONCLUSION
Site sur lequel sont regroupés des éléments de défense côtière à mission identique (aux directions de tir près) mais d'époques et d'origines différentes, dont la juxtaposition, voire la superposition, témoigne du caractère prépondérant de l'adaptation à un terrain favorable, dénominateur commun d'une activité militaire de longue durée.
Quimper