• enquête thématique régionale, Inventaire des fortifications littorales de Bretagne
  • enquête thématique régionale, Inventaire des fortifications littorales 1830-1870 dans les îles de Bretagne Sud
  • enquête thématique régionale, Inventaire des héritages militaires en Bretagne
Les réduits de batterie de côte type 1846
  • Dénominations
    batterie, caserne, citerne, poudrière, magasin de munitions
  • Aires d'études
    Bretagne

En 1840, sous le règne de Louis-Philippe, la question de la défense des côtes ainsi que celle de la défense de Paris par une enceinte urbaine et des forts détachés revient à l'ordre du jour avec le regain de tension entre l´Angleterre et la France suite à l'Affaire d´Egypte.

Une commission mixte d´armement des côtes, de la Corse et des îles composée d'officiers d'Artillerie, du Génie et de la Marine est mise en place en février 1841. Elles intervient dans des domaines variés : conception, réalisation et construction d´ouvrages, artillerie (des petits matériels et autres fournitures, aux tubes en passant par les affûts...), projectiles (amélioration, approvisionnement des places-fortes...) et le personnel.

Sur le littoral, il s'agit d'inspecter les batteries de côtes et de compléter le programme des tours-modèles dite "tours de l'Empire" ou de "Napoléon" interrompu en 1814. Ces propositions visant à réorganiser la défense du littoral s'appuient sur la réduction des points à défendre ; un grand nombre des batteries de côtes secondaires héritées du 18e siècle et de la fin du 17e siècle est proposé au déclassement.

La commission préconise une uniformisation des calibres de l'artillerie pour résoudre les problèmes d'approvisionnement en projectiles et en matériels. Seuls trois calibres sont retenus pour la défense des côtes :

- le canon de 30 livres,

- l'obusier de 22 centimètres,

- le mortier de 32 centimètres.

Le personnel des batteries de côtes - en général 5 hommes par canon, est désormais recruté uniquement dans les régiments d'artillerie. Seuls des auxiliaires, les aide-canonniers, peuvent être recrutés dans les populations littorales.

La circulaire du ministre de la Guerre en date du 31 juillet 1846 fixe les plans-types des nouveaux réduits de batterie de côte nommés corps de garde crénelés.

En 1846 sont adoptés trois types d'ouvrages :

1er type : corps de garde crénelé

- Corps de garde crénelé n° 1 pour 60 hommes, deux bretèches par côté. L'armement " régulier " consiste en 12 canons.

- Corps de garde crénelé n° 2 pour 40 hommes, deux bretèches par côté. L'armement " régulier " consiste en 8 canons.

- Corps de garde crénelé n° 3 pour 20 hommes, deux bretèches par côté. L'armement " régulier " consiste en 4 canons.

2ème type : tour crénelée

De plan carré et de forme légèrement pyramidale.

- Tour crénelée n° 1.

- Tour crénelée n° 2.

- Tour crénelée n° 3 pour 20 hommes, deux bretèches par côté. La particularité de cet ouvrage est de posséder 4 niveaux (souterrains, casernements 1 et 2 et terrasse).

3ème type : redoute modèle et caserne défensive

- Redoute-modèle n° 1 pour 300 hommes.

- Redoute-modèle n° 2 pour 200 hommes.

Près de 160 corps de garde crénelés seront construits sur le littoral Français en Atlantique et en Méditerranée. Ce programme de fortification est interrompu par les progrès de l'artillerie rayée qui rendent obsolète ce type d'ouvrage. Les derniers corps de garde crénelés modèles "1846/1861", modifiés par l'élargissement des murs porteurs sont construits en 1862. Le corps de garde crénelé de l'île de l'Aber (Crozon) est une variante du modèle 1846 construit en 1862 ; de plan carré et mesurant 16 mètres de côté, l'ouvrage se singularise par un parapet en pans coupés inspirés des tours-modèles de l'Empire.

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 19e siècle, 3e quart 19e siècle

De plan rectangulaire, le corps de garde crénelé se distingue par sa taille : 23,3 mètres par 14,8 mètres pour le corps de garde crénelé n° 1 ; 19,9 mètres par 12,4 mètres pour le corps de garde crénelé n° 2 ; 14,7 mètres par 12 mètres pour le corps de garde crénelé n° 3.

L'épaisseur des murs est portée à 0,6 mètres et 1,2 mètres pour le magasin à poudre. En dépit des plans-types, les matériaux de construction : granite, brique, calcaire... varient selon les sites notamment en milieu insulaire où l'approvisionnement est difficile. Le corps de garde crénelé comporte trois niveaux : - 1er niveau (accessible par une trappe située sous le passage d'entrée) : citerne souterraine.

- 2ème niveau voûté à l'épreuve des bombes : rez-de-chaussée percé de créneaux de fusillade, entrée dotée d'un pont-levis basculant, magasins à poudre, au matériel d'artillerie, aux vivres, cuisine, casernements, logement du garde-batterie.

- 3ème niveau à l'air libre (accessible par un escalier droit) : parapet à bretèches percé de créneaux de fusillade et terrasse d'artillerie.

Si les organes défensifs : dispositifs d'entrée, créneaux de fusillade (rappelant les archères), bretèches (créneaux de pied) et même le principe de la tour (rappelant le donjon) semblent inspiration médiévale, en réalité il s'agit d'une réédition de motifs fonctionnels adaptée à l'arme portative : le fusil. Les corps de garde crénelé modèle 1846 sont dotés d'un vestibule d'entrée flanqué de créneaux de fusillade. Un fossé sec et un glacis concourent à la défense rapprochée du corps de garde.

  • Toits
    pierre en couverture
  • Murs
    • moellon
    • maçonnerie
  • Décompte des œuvres
    • repérés 23
    • étudiés 23

Bibliographie

  • TRUTTMANN, Philippe (Colonel). Les derniers châteaux forts, les prolongements de la fortification médiévale en France 1634-1914 , Thionville, Klopp, 1993, 253 p. ISBN 2-906535-75-3.

  • JADE, Patrick. "Les ouvrages de fortification littorale du port de Brest - 1872-1917. La défense des côtes en France à l´âge industriel", mémoire de maîtrise d´Histoire Contemporaine de l´Université de Bretagne Occidentale, sous la dir. de M.-T. Cloître, 2004, 293 p. et 141 p.

  • FRIJNS, Marco, MALCHAIR, Luc, MOULINS, Jean-Jacques, PUELINCKX, Jean. Index de la fortification française. Métropole et Outre-mer. 1874-1914. Vottem (Belgique) : autoédition, 2008, 832 p.

  • LÉCUILLIER, Guillaume (dir.), BESSELIÈVRE, Jean-Yves, BOULAIRE, Alain, CADIOU, Didier, CORVISIER, Christian, JADÉ, Patrick. Les fortifications de la rade de Brest : défense d'une ville-arsenal. Rennes : éditions Presses Universitaires de Rennes, collection Cahiers du patrimoine, 2011, n° 94, 388 p.

    Région Bretagne (Service de l'Inventaire du patrimoine culturel)
  • JADÉ, Patrick, Les tours et corps de garde de défense côtière de la monarchie de Juillet au Second Empire : un état des lieux, In Battre le littoral. Histoire, reconversion et nouvelles perspectives de mise en valeur du petit patrimoine militaire maritime, journées d'études internationales, Université Bordeaux 3 (Bordeaux, 15-16 novembre 2012) : Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, 2014, coll. Architectures, p. 33-47.

Documents multimédia

  • Association "1846". Les réduits "type 1846" : mais qu'est-ce, au juste ? 1er novembre 2015.

    https://association-1846.over-blog.com/2015/11/les-reduits-type-1846-mais-qu-est-ce-au-juste.html

Date(s) d'enquête : 2004; Date(s) de rédaction : 2004, 2015, 2017, 2023