BATTERIE DE KERBONN
Situation : 1,5 kilomètres à l'ouest-sud-ouest de Camaret. Lieu-dit "Kerbonn".
Implantation : au sommet de la falaise ouest de la presqu'île de Crozon, entre les pointes du Toulinguet et de Pen Hir.
HISTORIQUE SOMMAIRE
La batterie de Kerbonn a été construite vers 1889 sur un site vierge (batterie pour 3 mortiers de 270 mm de côte modèle 1889).
En 1891, on l'a doté d'un magasin à poudre sous roc avec entrées bétonnées et communication souterraine, puis d'un poste directeur de tir bétonné à faible protection.
En 1938, la Marine a acheté les terrains situés au nord, en vue d'une extension de l'ouvrage qui n'a pas été exécutée.
Entre 1942 et 1944, les allemands ont construit sur le site de l'ouvrage français une nouvelle batterie pour 4 pièces de 164 mm françaises (de récupération) sous casemate.
L'ouvrage actuel est constitué d'un mélange d'organes de différentes époques, par ailleurs plus ou moins endommagés en 1944-1945. Il ne subsiste plus ni armement, ni cuirassement.
Mission : la batterie de Kerbonn, orientée face à l'ouest avait pour mission de lutter contre les navires ayant pénétré dans le vestibule de la rade de Brest et de leur interdire le mouillage ; c'est exclusivement une batterie de côte. Les allemands ont donné à leur ouvrage une mission du même ordre et y ont ajouté une mission secondaire d'action vers l'arrière (vers l'est).
DESCRIPTION
Ouvrages français (antérieurs à 1914)
La batterie française est constituée actuellement par un alignement de 3 plate-formes de tir à ciel ouvert séparées par des traverses pleines, donnant à l'arrière sur une sorte de quai de circulation. Niches à munitions encastrées dans le mur arrière des traverses. En arrière, la route de service des pièces est établie en tranchée.
Le parapet de la batterie est pratiquement constitué par le sommet de la falaise.
A droite de la dernière pièce se trouve un abri double sous traverse en maçonnerie (repère D) donnant dans la tranchée de la route de service, et adossée au poste directeur de tir (français), plus récent (repère E).
La batterie est retranchée à la gorge face à l'intérieur des terres à l'aide d'un fossé à bord franc dessinant en plan un V très ouvert. Une branche sud de ce fossé a ses parois maçonnées et sert de tranchée d'accès à l'entrée du magasin à poudre sous roc.
La route d'accès à la batterie est elle-même en tranchée et arrive de plain-pied avec le fond du fossé et se prolonge jusqu'à la route de service des pièces.
Tour de défense (repère A)
A l'intersection avec le fossé arrière, on trouve à gauche en arrivant à la batterie une petite tour carrée en maçonnerie flanquant le fossé (branche sud) et battant la route d'accès. Cette tour joue le rôle de caponnière de gorge et de blockhaus de défense d'entrée.
Elle est constituée :
- Au rez-de-chaussez par une pièce carrée percée de deux meurtrières par côté, et voûtée en voûte surbaissée. Entrée par l'arrière (intérieur de la batterie).
- Au premier étage par une plate-forme à ciel ouvert avec parapet crénelé et créneaux de pied flanquant les quatre faces.
Magasin à poudre sous roc (repère F du plan)
Accès par la branche sud du fossé de gorge : porte en plein cintre, en béton, avec entourage harpé imitant la pierre de taille. Au-dessus de la porte est portée la date 1891.
Un réseau de galeries, parfois non revêtues, comportant une brisure à angle droit donne accès à la chambre à poudre, de petites dimensions, et permet d'acheminer les munitions jusqu'au puits bétonné d'un monte-charge débouchant dans la façade arrière de la traverse située entre la 2ème et la 3ème plates-formes de tir (à partir de la gauche).
Batterie allemande
Elle est constituée par :
- 4 casemates de tir pour canon de 164 mm français (repère O, P et Q du plan) tirant face au large, et auxquelles sont adossées quatre casemates pour matériel de petit calibre tirant vers l'intérieur des terres (disposition assez rare).
Une des casemates de 164 mm a été complètement détruite par charge intérieure et ses débris jonchent l'emprise de l'ouvrage.
Ces casemates sont construites en élévation. Construction hétéroclite et peu soignée. Elles ne semblent pas appartenir à un type normalisé des catalogues allemands.
- 6 abris passifs "standard" Atlantikwall en protection "B", dont :
- 1 du type 621 (abri passif pour un groupe de combat, repère du plan).
- 4 du type 622 (abri passif pour deux groupes de combat, repères G, H, I et J du plan).
- 1 du type 638 (petit poste de secours, repère M du plan).
Ces abris sont dispersés sur l'emprise de la batterie. Certaines des portes blindées devant équipées ces abris n'ont jamais été mises en place.
- 1 abri pour forage d'alimentation en eau situé de l'autre côté de la route de Pen Hir.
- 1 poste directeur de tir, type M 162a (repère N du plan), encastré dans le parapet de l'ancienne batterie française, à droite des plates-formes de tir, avec accès par l'arrière (ancienne route de service des pièces). Le créneau d'observation et sa visière émergeant du talus avant de la batterie.
- 3 cuves pour canon de défense contre avions (DCA) de petit calibre (repère W, W' et W'').
- quelques constructions légères plus ou moins ruinées et sans aucun intérêt.
- un réseau de tranchée reliant les divers ouvrages entre eux.
Matériaux : essentiellement béton armé brut de décoffrage.
Membre de l'Association "1846".