La situation géographique
Le château de Kergournadec’h est situé à Cléder, à 65 mètres au-dessus du niveau de la mer, dans un petit vallon où coule le Kerallé qui se jette dans l’anse du Kernic située à 5 km vers le nord-nord-ouest.
Le château est implanté au centre d'une enceinte défensive quadrangulaire avec tours bastionnées aux angles dont subsistent des vestiges.
Le cadastre de 1829 montre le château dans son environnement de l'époque (nulle trace de l'enceinte défensive) : au sud-ouest une chaussée faisant digue, deux étangs et un moulin à eau au nord-ouest, des avenues ou grandes allées plantées (avec pour les fermes proches, les toponymes : La Porte et Pen ar Valy, le bout de l’allée), des pâtures, futaies, courtils et terres labourables, une métairie, une chapelle, des dépendances comme un four à pain, une buanderie, un routoir et un colombier au nord-est (conservé).
Formes, matériaux et dimensions
Construit en pierre de taille de granite gris, le logis de plan rectangulaire (d’après le plan de 1644, 18 toises 2 pieds x 10 toises soit 35,5 mètres par 19,5 mètres) est flanqué de quatre tours (5 toises de diamètre soit 9,75 mètres environ).
La distribution du château et son fonctionnement
L’entrée principale, précédée d’un perron de quelques marches en demi-cercle, se fait au milieu de l’élévation nord-ouest. L’entrée secondaire se fait dans l’élévation sud-est.
Le château comprend quatre niveaux :
Le sous-sol dédié aux offices, uniquement accessible du rez-de-chaussée par un escalier en vis visible en saillie dans l’élévation sud-ouest. Eclairé par des soupiraux et fenêtres basses grillées, il abrite cave, cellier et cuisine avec four à pain.
Le rez-de-chaussée surélevé abrite au nord-est une cour intérieure distribuant, de part et d’autre, deux couloirs (est et ouest) éclairés par des fenêtres et dotés de niches à lumière. Le couloir ouest, éclairé par une fenêtre au nord-ouest et une imposte au sud-est aboutit à l’entrée secondaire dans la courtine sud-est. Au centre du château se trouve une grande salle, en périphérie quatre "appartements" communiquant avec les tours, faisant cabinets et garde-robes, dotées de latrines. Des deux couloirs latéraux partent deux escaliers rampe sur rampe avec mur d’échiffre et grandes baies (dans les élévations sud-ouest) desservant l'étage supérieur. Selon le plan de 1644, des escaliers en vis - probablement de service - desservent également deux des quatre tours (tours nord et ouest).
Le premier étage est vraisemblablement doté de la même organisation symétrique que le rez-de-chaussée comme le montrent les emplacements des cheminées avec, au centre, la grande salle planchéiée à usage de salle de bal selon la mode de l’époque.
L’étage de comble - desservi par deux escaliers en vis ? - est doté de lucarnes donnant sur le chemin de ronde (selon la gravure de 1644). Certaines lucarnes semblent avoir été remployées dans le logis tout proche datable du 18e siècle.
L'ornementation
Les fenêtres, de plan rectangulaire, sont encadrées d’un large bandeau.
A l’extérieur du château, seules la partie sommitale des souches de cheminée sont ornées de motifs.
A l’intérieur, le décor des cheminées reflète la hiérarchie des lieux : salles centrales fastueuses des rez-de-chaussée et du premier étage (piédroits en pilastre gainé, manteau mouluré et pilastres ; piédroits en colonne cannelée, décor géométrique complexe et mufles de lion), salles périphériques du rez-de-chaussée (griffes de lion, piédroits moulurées avec motifs en accolade, coquilles et rouleaux), chambres du premier étage (piédroits en pilastre gainé, manteau droit) et chambres de l'étage de comble (simples piédroits et manteau droit). Les niches à lumière sont également richement ornées.
Les aspects défensifs
L'éperon de la tour sud est orienté dans le même axe que la tour bastionnée de l'enceinte défensive.
Outre ses courtines flanquées de quatre tours massives, le château comprend au nord un sas d’entrée faisant vestibule, des ouvertures de tir dans les allèges des fenêtres du rez-de-chaussée et du premier étage permettant le tir avec des armes portatives et un chemin de ronde sur mâchicoulis sur l’intégralité de son pourtour. Le chemin de ronde apparaît à ciel ouvert sur la gravure de Jean Picart mais certains auteurs l’identifient comme une galerie de circulation (l’un n’excluant pas l’autre).
Certaines fenêtres murées des tours sont dotées d’ouverture de tir provenant vraisemblablement du démontage de l'enceinte extérieure (remontage).
La couverture
Les souches de cheminées gardent les traces de la toiture à deux pans. Selon la gravure de 1644, la couverture du château est complexe : toiture à long pan et en pavillon, couverture en dôme des tours sommés de lanternon à deux niveaux, ornés d’épis de faitage représentant des sentinelles à pied avec leur lance et des chevaliers en armure avec leur lance monté sur un cheval cabré.
L'état actuel : des vestiges "cristalisés"
De l'enceinte défensive quadrangulaire subsistent une petite tour de plan carré (7 mètres x 7,5 mètres) dotée d'ouvertures de tir à redan et deux pans de courtine, l'un filant sur une quarantaine de mètres vers le nord-est, le second sur une vingtaine de mètres vers le nord-ouest (cf. dessin de Cassas de 1776 et vue aérienne verticale de 1980).
Si le château a perdu l’intégralité de ses couvertures, escaliers et murs de refend, il conserve ses quatre tours, ses courtines sud-ouest, nord-est et une partie de sa courtine sud-est. L’emplacement de la porte secondaire est visible dans la courtine sud-est. Ses fenêtres sont bien conservées comme ses trois niveaux de cheminées avec leurs hautes souches dans les courtines sud-est et sud-ouest. Des quatre tours, seules les tours ouest et sud ont conservé leur souche de cheminée. Les corbeaux des mâchicoulis du chemin de ronde qui couronnaient tours et courtines sont conservés.
Graveur à Paris, actif entre 1620 et 1670.