"Il manque à ce fort une petite avancée pour couvrir son entrée et fermer son fossé, faire un escalier pour y monter, un pont dormant à bascule. Dépense de 6 000 livres". Garengeau, janvier 1734.
Le fort du Petit Bé a été construit sur un rocher homonyme à une portée de canon (500 toises) de Saint-Malo. Programmé en avril 1689, le fort est en travaux lors de l´attaque de novembre 1693. Le Petit Bé combine avantageusement du côté de la mer une batterie en fer à cheval de grande dimension percée de 19 embrasures et du côté de la terre une fortification composée de deux demi-bastions dont la hauteur et les créneaux de mousqueterie dissuadent les éventuels ennemis de toute escalade... Vers le large, une échauguette surmontée d´une fleur de lys protégeait le pied du rempart. La batterie croise ses feux avec le fort Harbourg pour défendre l´entrée en Rance.
Juste après la bombarderie de 1695, où le fort put tirer sur les ennemis dans la fosse aux Normands, l´ingénieur Garengeau écrivait : "Le Petit Bé est un fort bien construit, de bonne et très solide maçonnerie. Il ne lui reste plus que les logements à achever au-dessus des souterrains. Il est muni de 9 canons (nombre porté à 15 en 1697 dont 4 de 48 livres de balles et 6 de 36 livres de balle) et de 2 mortiers". 177 hommes assuraient le service des pièces d´artillerie en 1697.
Restauré depuis 6 ans par un amoureux des vieilles pierres : Alain-Etienne Marcel, le fort du petit Bé renaît... La batterie enfin sortie des broussailles s´apprête à recevoir de nouveaux canons, tandis que la citerne vidée de ses ordures est de nouveau alimentée par les eaux pluviales des toitures restaurées du casernement. Ce travail de restauration aussi exemplaire que bénévole est à admirer en profitant de la marée basse pour partir à l´assaut du fort.
[Guillaume Lécuillier étude thématique régionale, 2005]