"Il faudra nécessairement un commandant sédentaire dans le fort de l´île Harbourg qui ne bouge de là et qui ait la clé des magasins des vivres et des munitions de guerre qu´on y mettra, et un maître canonnier qui tienne là une petite cantine pour le secours des gardes qu´on y mettra. Il serait à souhaiter que ce commandant pût être quelque vieil officier de marine intelligent, fût-il manchot ou jambe de bois. Je dis un officier de marine parce qu´il faut qu´il connaisse les vents, les marées et la manœuvre des vaisseaux...". Vauban, Projet pour le dispositif de la garde de Saint-Malo et ses côtes, mai 1694.
Situé à 1 600 toises de Saint-Malo, le fort d´Harbourg avait pour mission de battre l´entrée de la Rance : les Portes et le Décollé. Dans sa conception, il est à rapprocher du fort National pour ses logements et du Petit Bé pour sa batterie rasante en fer à cheval. Souhaitant renforcer les gardes des forts d´Harbourg et de la Conchée par des canonniers de marine expérimentés, Vauban préconisait de les faire relever tous les 8 jours en été et tous les 15 jours pendant l´hiver. Selon les coutumes, les habitants de Saint-Servan et les paroisses de banlieue gardaient Solidor et l´île d´Harbourg tandis que les paysans de la côte regroupés en milices assuraient la garde du Fort La Latte.
Ingénieur, architecte, urbaniste, mécanicien, hydraulicien, agronome, gestionnaire, économiste, fiscaliste, statisticien, politicien, membre honoraire de l'Académie des Sciences en 1699... Vauban en bon militaire est un "aménageur du territoire".