"Dès la fin du 17e siècle, cet emplacement, dans un vallon, situé au débouché d´un ruisseau canalisé dans la conduite de Saint-Malo et au fond de la crique de Pontaniou, est occupé par "la Maison des Filles Repenties" tenue par des Feuillantines, religieuses bernardines.
Construite sous le Premier Empire, la "Levée de Pontaniou", son nom originel, permet la communication par une chaussée entre le plateau de l´Armorique (dit aussi de la Cayenne en référence à la caserne toute proche et aujourd'hui plateau de Pontaniou) et le plateau des Capucins. Les plans de Jean Bernard Tarbé de Vauxclairs (1767-1842), directeur des Travaux maritimes à Brest, ont été mis en œuvre par son successeur Jean-Nicolas Trouille (1752-1825) de 1807 à 1809. Une rampe en pente douce permet une communication directe entre l'atelier de charpenterie et le rez-de-chaussée du bâtiment faisant portes. De l´arsenal, en passant par le rez-de-chaussée de la levée de Pontaniou, on pouvait accéder du nord au sud à la rue Saint-Malo (la ville), au terrain de la Madeleine (les ateliers de la direction des travaux hydrauliques) et à la cour de la prison maritime.
Aujourd´hui, la levée de Pontaniou est connue sous le nom de bâtiment aux Lions en référence aux gargouilles à têtes de lion qui ornent la façade tournée vers la Penfeld et l'arsenal (vers l´est). Édifice aux multiples fonctions, il est à la fois chaussée-pont en terrasse, cuves à eau en terrasse pour lutter contre les incendies dans l´arsenal, bureaux (travée centrale du premier étage), magasins au premier étage (matériaux de calfatage : soufre, brais et résine), en entresol et en sous-sol (matériaux de calfatage : brais bitumineux ou goudron en vrac dans des cuves ou en tonneaux et jarres), latrines collectives au sous-sol (pour les bagnards) et portes de l´arsenal au rez-de-chaussée.
De 1932 à 1961, le bâtiment accueille au premier étage une cantine vite surnommée "La Gueule d´Or". En 1932 est achevé au pied du bâtiment le percement du tunnel ferroviaire du Carpon passant sous le plateau des Capucins. C´est l´édifice le plus remarquable de l´arsenal de Brest si l´on excepte le château et la base de sous-marins. À ce titre, le bâtiment aux Lions a été inscrit au titre des monuments historiques en mai 2009.
Désaffecté depuis de nombreuses années, le bâtiment aux Lions, ainsi que l´ancienne prison maritime de Pontaniou, le terrain de la Madeleine, la rue Saint-Malo et les ateliers du plateau des Capucins, forment un ensemble architectural de premier ordre au coeur de la ville. La valorisation de cet espace est en marche.
Une étude préalable à la restauration du bâtiment aux Lions a été réalisée en 2007 par Marie-Suzanne de Ponthaud, architecte en chef des Monuments historiques, à la demande du ministère de la Défense, propriétaire du lieu. Reste à imaginer un nouvel usage pour le bâtiment aux Lions, la rareté d´édifices anciens à Brest plaide pour une réaffectation en espace culturel et muséographique. Le terrain de la Madeleine pourrait alors être transformé en jardin et la porte de Saint-Malo offrir un regard nouveau sur l´arsenal".
(Lécuillier Guillaume, 2011).
architecte et ingénieur en chef de l'Arsenal de Brest