BATTERIES DU CADOR par Philippe Truttmann.
Situation : à l'extrémité sud de la plage de Morgat ; 3 kilomètres sud-sud-ouest du centre de Crozon.
HISTORIQUE SOMMAIRE
La pointe du Cador (ou pointe de Morgat) orientée sensiblement est-ouest ferme au sud la plage de Morgat et forme un saillant
en baie de Morgat tant en planimétrie qu'en nivellement, constituant un site privilégié pour des positions d'artillerie destinées à interdire l'accès de la plage et de l'anse de Morgat, ou destinées à agir contre des vaisseaux tentant d'y mouiller.
Ce site semble avoir été organisé défensivement par Vauban dès 1694, lors de la descente anglo-hollandaise sur Camaret (cf. : carte de 1695 reproduite dans Toudouze, qui indique deux batteries sur la pointe de Cador) mais en ouvrages relevant plutôt de la fortification passagère, à base de simples plate-formes avec parapet en terre, et petit bâtiment annexe.
Jusqu'à la refonte opérée par la commission de 1841, la pointe de Cador portait deux batteries :
- Une batterie haute, pour mortiers, à proximité du phare actuel (armée de 2 mortiers de 12 livres de balle (dont un encloué !) d'après un état de 1778).
- Une batterie basse pour canons, orientée vers l'île l'Aber et établie sur un replat, au-dessus de la falaise, au saillant de la pointe.
A la suite des travaux de cette commission, la batterie basse a été entièrement remaniée en 1860 et 1861 et munie d'un réduit-type 1846, tandis que la batterie haute laissée telle quelle, diparaît peu à peu.
Vers 1880, nouveau et dernier remaniement, la batterie basse est transformée en batterie de 4 pièces de 95 mm (donc, batterie de petit calibre).
L'ouvrage se trouve dans l'état résultant de cette dernière transformation, le matériel a disparu et la végétation sauvage recouvre entièrement la position.
DESCRIPTION
Batterie haute : on ne distingue plus rien de cet ouvrage.
Batterie basse : implantée à 30 mètres environ au-dessus du niveau de la mer, au-dessus de la falise et à la pointe même de Cador, cet ouvrage comprend, du nord au sud :
- Le réduit (daté de 1861) conforme (sauf légère différence en longueur : 21 mètres au lieu de 19,90 mètres au type n° 2 de "corps de garde crénélé" défini par la circulaire du 31 juillet 1846 (pour batterie de 40 hommes et 12 pièces) (Capacité réelle (Grand Atlas du Génie) : 1 officier et 30 hommes. Magasin à poudre de 3 000 kilogrammes. Citerne de 15 mètres cubes). Le bâtiment est orienté nord-sud avec entrée au nord. Faute de place pour le construire plus en retrait, il est protégé des coups du large par un masque terrassé couvrant le long pan est et le pignon sud, masque artificiel réalisé avec le déblai provenant de la fouille de la plate-forme et régalés en glacis à l'extérieur. Ce masque est soutenu, du côté du réduit, par un mur de maçonnerie, jouant un peu le rôle de contrescarpe.
Le parapet crénelé couronnat l'édifice a été supprimé à une époque impossible à déterminer.
Matériaux : maçonnerie de moellons de schiste enduite au mortier. Chaînes d'angle et encadrements de baie en pierre de taille de granite harpés (gros appareil).
- La position de batterie proprement dite, constituée par :
- Une tranchée de service formant ru du Rempart.
- Une plate-forme rectiligne à quatre positions de pièces (95 mm modèle 1888 sur affût de côte), en béton et circulaires métalliques, traversée de pièce en pièce par des traverses peines soutenues à l'arrière par un mur en maçonnerie comportant deux niches à munitions.
- Un parapet en terre soutenu à l'arrière par un mur en maçonnerie.
- Le magasin à munitions de batterie : petit local souterrain accessible par un corridor débouchant en bout de la tranchée de la rue du rempart, sous un retour du parapet formant traverse d'extrémité et défilant la batterie contre les coups venant du sud.
Ce corridor comporte deux brisures successives à 90 degrés, et a son entrée bétonnée.
Photographe