« Item vueil et ordonne qu´une belle tombe et honeste soit faite et mise sur le corps de ma dicte compaigne et moy, et dessus ycelle soient les ymaiges de nous deux (..). » Tels sont les vœux qu´exprima Olivier de Clisson dans son testament de 1407. Situé à l´origine dans le chœur de l´église, le tombeau contenait, lors de sa mutilation en 1793, la totalité de l´armure du connétable et les restes de vêtements brodés de fils d´argent portés par Marguerite de Rohan. Après une importante restauration, confiée au sculpteur rennais Jean-Baptiste Barré, l´ensemble, classé parmi les monuments historiques en 1858, fut placé temporairement dans le bras nord du transept. Barré avait entièrement refait la tête, les mains et les jambes du connétable, ainsi que les chiens et le lion. Depuis la restauration de l´église en 1893, le tombeau a trouvé sa place dans l´ancien oratoire seigneurial dédié à sainte Marguerite.
Cette œuvre en marbre blanc et noir, provenant de la région de Dinant en Belgique, vraisemblablement exécutée durant la première moitié du XVe siècle, est attribuée, sans certitude, à un atelier de Tournai. Stylistiquement, on le rapproche aussi du monument funéraire exécuté par le sculpteur tournaisien Jean Lomme pour Charles le Noble, roi de Navarre et son épouse Léonor de Castille en la cathédrale de Pampelune. A Josselin, la grande qualité des sculptures reste perceptible, malgré les restaurations profondes. L´œuvre est issue du mécénat artistique de la haute aristocratie bretonne qui, à travers un tombeau luxueusement sculpté et à caractère fortement symbolique fait appel à des artistes étrangers pour manifester sa puissance face au pouvoir ducal et rival.
(C. Douard)
Photographe