Un maillon du dispositif d'enseignement adapté
L’École nationale de perfectionnement (ENP), devenue "EREA Les Pins" (Établissement Régional d'Enseignement Adapté), ouvre en 1969, en même temps que celle de Quimper. La première accueille uniquement des garçons, la seconde des filles. A Ploemeur, sur les 144 premiers élèves, 98 sont originaires du Morbihan, 37 du Finistère.
Les deux établissements ont le même architecte, familiarisé avec les constructions scolaires industrialisées : Yves Guillou. On retrouve ici le type d'architecture qu'il propose pour les collèges, le CEG de Moncontour (35) par exemple, ainsi que son association avec l'Entreprise du Centre, entreprise générale de bâtiment, initiée à la fin des années 1950, pour la construction de collèges d'enseignement technique.
Ces écoles s'adressent alors à des élèves que les textes officiels qualifient de "débiles légers". La rudesse de la terminologie ne doit pas masquer la réalité : la prise en charge par l’Éducation nationale du handicap psychologique, par le biais d'une pédagogie appropriée et de professeurs spécialement formés, appuyés par des psychologues, psychiatres, assistants sociaux, afin de permettre à des élèves en difficulté d'obtenir un CAP.
L'établissement sis à Ploemeur est construit par la Ville de Lorient qui, à partir de 1956, avait créé des classes de perfectionnement dans plusieurs écoles primaires. Le projet d'implantation au-lieu dit la Cardonnière, sur la commune lorientaise, a dû être abandonné à cause des nuisances sonores liées à l'aéroport de Lann-Bihoué et à la voie de chemin de fer. L'appropriation du nouveau terrain, de près de 7ha, acheté à Union des sociétés mutualistes pour 350 000 francs, a nécessité la destruction de quelques bâtiments d'un préventorium, dépendant du centre de Kerpape, distant d'un peu plus d'un kilomètre.
Le 30 décembre 1972, le maire rapporte, devant le Conseil municipal :
"La Ville de Lorient a fait édifier sur le territoire de la Commune de Ploemeur une École de Perfectionnement (...). La maîtrise d'ouvrage a été confiée à la Direction Départementale de l’Équipement suivant la délibération du 11 décembre 1967. Le coût de construction s'est élevé à 4256111,72 F (...). Cette somme comprend la participation de la Ville, soit 1 019 881 F (...).
Afin de respecter une promesse faite à la Ville par le Ministère, avant que le décret de 1967 sur le financement de ces établissements impose la participation des communes au coût des travaux, c'est, sur proposition du Préfet, le Conseil général qui prend en charge les annuités de l'emprunt contracté par la Ville (délibération du Conseil municipal, le 29 novembre 1968)*. Une fois l'école construite, la Ville de Lorient, propriétaire, reçoit de l’État une subvention de 60% pour les travaux d'entretien et d'amélioration.
Dans un de ses plaidoyers, auprès des élus (maire de Lorient, conseillers généraux, sénateurs), pour mixité. Dans une lettre datée du 21 janvier 1970, à M. Le Moing, Conseiller général, le directeur l'expose avec précision :
"(...) l'E.N.P. reçoit des enfants du Morbihan dans une proportion de 68% de son effectif et (...) 28% de celui-ci représente le nombre d'élèves en provenance du Finistère, département qui reçoit nos fillettes et pour lequel on peut considérer qu'une réciprocité existe."
Aujourd'hui : un lycée professionnel et collège
En vertu des lois de décentralisation, la propriété de l'établissement a été transférée au Conseil régional de Bretagne, par un acte notarié tardif, le 10 décembre 2015.
Le bâti a connu des améliorations, notamment depuis la fin des années 1980 (dortoirs, restauration scolaire). En 2004, date du permis de construire, l'architecte DPLG, Denis David, a restructuré et agrandi de 460 m2 les ateliers. Une galerie couverte et vitrée a été installée devant la façade est ces derniers. L'aire couverte a été transformée en véritable gymnase.
Le profil des élèves a évolué. L’établissement se présente volontiers comme "lycée professionnel et collège". Il accueille 70 élèves : parmi eux des collégiens répartis dans deux classes de SEGPA, et des lycéens qui poursuivent une scolarité dans quatre formations qualifiantes, afin d'obtenir des CAP. L'EREA est spécialisé dans les métiers du bâtiment. Il n'est certes plus question de répartition sexuée des élèves, depuis la fin des années 1970, mais la plupart sont toujours des garçons. Un tiers des élèves sont internes.
*Un article du bulletin municipal de Lorient de 1969, disponible en annexe, présente l'établissement et les motivations de la collectivité.
Architecte DPLG, Le Vincin, Vannes