La batterie du Grognon est une des batteries construites en 1744 pour renforcer la défense de l'île de Groix. En 1745 son armement se compose de quatre canons de 24 livres. La batterie dispose d'un corps de garde, d'un magasin à poudre et d'un mât de signaux. En 1747, la présence d'un mortier est mentionnée en plus des quatre canons. Le rôle de l'ouvrage est de contribuer à la défense du coureau de Groix. Pendant la guerre de Sept Ans, son armement est réduit à deux pièces. La batterie sert toujours pendant les guerres de la Révolution et de l'Empire, pendant lesquelles un fourneau à rougir les boulets est construit. En 1803, elle est armée de deux canons de 24 livres, en 1813, de deux canons de 36 livres.
La batterie du Grognon fait partie des ouvrages conservés à Groix par la "Commission mixte d'armement des côtes de la France, de la Corse et des îles" de 1841 avec les batteries du Gripp et de Nosterven et le fort Lacroix. L'armement attribué par la commission est de trois canons de 30 livres et trois obusiers de 22 cm. Cet armement est modifié par la commission de défense des côtes de 1859 qui remplace une de ces pièces par un mortier de 32 cm destiné à croiser ses feux avec la batterie du Talud, sur le continent. Un corps de garde crénelé doit servir de réduit. Les travaux commencent en 1848. En 1851, la réorganisation du parapet de la batterie est achevée. Les excavations pour fonder le corps de garde sont faites, mais l'achèvement des travaux est ajourné faute de fonds. Le corps de garde crénelé pour 30 hommes n'est construit qu'en 1859-1860.
Contrairement aux batteries du Gripp et de Nosterven, la batterie du Grognon est conservée avec le fort Lacroix après la guerre de 1870. Elle est profondément réorganisée vers 1880 pour accueillir deux canons rayés de côte de 24 cm et un obusier de 22 cm. De l'ouvrage du milieu du 19e siècle, seul est conservé le corps de garde qui est semi-enterré sous un massif destiné à le protéger des coups du large. La batterie complète le fort du Haut-Grognon construit entre 1878 et 1881. Entre 1892 et 1894, la batterie, dont l'armement passe à quatre canons de 24 cm, est de nouveau transformée pour l'adapter aux progrès de l'artillerie. Un magasin à poudre souterrain est creusé, les abris-traverses et le massif terrassé du corps de garde crénelé sont arasés pour diminuer la visibilité du large. Une batterie annexe de quatre canons de 95 mm est construite à 300 mètres à l'ouest à la toute fin du 19e siècle.
La batterie de 24 cm est désarmée avant 1904. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands y installent des faux canons en bois et un projecteur associé à des pièces anti-aériennes légères placées dans l'ancienne batterie annexe de 95 mm.
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