Contexte urbain et paysager
Lorsque l'hospice de vieillards, qu'occupe encore le lycée, est construit sur des terrains du château de la Chesnardière, à la fin des années 1930, il est implanté en limite sud-est de l'urbanisation, dans un quartier en cours de développement. Il est bordé, au sud, par le parc des sports et, à l'ouest, par la gendarmerie et un haras. Le lycée est aujourd'hui intégré à un tissu urbain à dominante de logements pavillonnaire, au nord, à l'ouest et au sud, et par des équipements publics, à l'est : foyer de vie et EHPAD.
Le lycée se compose de trois générations de bâtiments
La première génération de bâtiments correspond à l'ancien hospice de vieillards et abrite aujourd'hui les fonctions d'internat, d'externat, de logement et d'atelier pour les agents. Elle date de la fin des années 1930 - certains lots de l'hospice sont livrés en 1939, l'ensemble est presque achevé en 1940.
L'architecte Albert Hec avait, en 1936, donné pour l'hospice un plan en étoile, avec deux ailes orientées au sud pour abriter les dortoirs des vieillards - une pour les hommes, l'autre pour les femmes. La troisième aile était réservée aux services communs (parloir, réfectoires, cuisines, morgue...), à l'hébergement de la communauté des sœurs et à la chapelle. Ce bâtiment est un intéressant exemple de l'architecture de la santé dans l'entre-deux-guerres. Il possède une ossature et des planchers en béton armé. La toiture était ainsi présentée par l'architecte dans son mémoire technique : "la terrasse est (...) en béton armé, corps creux, isolement en plaques de liège, étanchéité garantie". Les ailes des dortoirs, formant entre elles un plan en V largement évasé, se terminaient aux extrémités par des salles de repos et des terrasses superposées en demi-cercle. Près de l'entrée du parc, une conciergerie, aujourd'hui détruite, complétait cet ensemble qui fait l'objet d'une présentation plus détaillée dans un dossier spécifique à "la chapelle du lycée Jean Guéhenno et sa décoration".
Adaptation de l'hospice aux fonctions scolaires après guerre.
L'aile ouest du bâtiment a été fortement détruite par les bombes, en juin 1944. Après guerre, la municipalité décide de reconstruire les bâtiments pour héberger le collège municipal. Les parties en demi-cercle ont alors été supprimées. Des toitures en pavillon, à très faible pente, recouvertes de zinc, ont été ajoutées. L'aile ouest a été transformée pour abriter des salles de classe, un préau, une salle de sport. Le rez-de-chaussée de l'aile est était, de même transformé en externat. L'étage de cette dernière et l'aile nord demeuraient quant à elles, pour l'essentiel, identiques. Les aménagements d'origine pour l'hébergement et la restauration des vieillards, pouvaient en effet remplir les mêmes fonctions pour des élèves, avec notamment des dortoirs de 18 lits.
Restructuration des années 1960.
Lors de la restructuration des années 1960, concomitante de l'extension du lycée au nord et de la création d'un service de restauration au sud, ces bâtiments retrouvent une fonction exclusive d'internat, avec des dortoirs de huit lits, des salles d'étude en rez-de-chaussée de l'aile ouest. Des extensions sur les façades arrières des deux ailes, permettent de créer ou d'agrandir les espaces dédiés à l'hygiène : lavabos, douches, bidets et WC.
Aujourd'hui, l'aile ouest a retrouvé des fonctions d'externat, avec notamment la salle d'arts plastiques et une salle d'exposition.
Les nouveaux bâtiments de 1967-1968
En 1964, Albert Hec étudie le plan masse d'un nouveau "lycée classique et moderne". Il adapte légèrement, comme indiqué, le bâtiment des années 1930, et ajoute, au nord :
- un ensemble : "administration - logements - externat" et un gymnase ;
- au sud, un bâtiment pour les services de restauration.
Après son décès fin 1965, Roger Besnard reprend ces plans en les modifiant quelque peu - il les "cosigne", à partir de 1966. Il crée en particulier un bâtiment spécifique dédié aux logements. La partie sud-ouest du bâtiment A, initialement prévue pour les logements et l'administration, est abaissée à un unique niveau. Elle est en effet réduite aux fonctions d'accueil et d'administration. Pour éviter que l'externat revête un aspect trop long et uniforme, les architectes ont prévu deux barres mitoyennes décalées, selon des proportions 2/3 - 1/3. Ils ont relié les deux parties par un même dégagement, au niveau de la cage d'escalier intermédiaire.
Les salles de classe des différents niveaux sont desservies par deux autres escaliers situés à chacune des extrémités et par des couloirs centraux.
La trame des façades est uniformément répétée. Ces bâtiments répondent aux normes de l'architecture scolaire industrialisée de l'époque : trame de 1,75m, structure poteaux-poutres en béton armé. Les toitures sont couvertes de zinc, à l'exception de celle de l’administration qui est une toiture-terrasse.
Les logements reprennent ces principes constructifs. Deux ailes de plan rectangulaire, de trois niveaux chacune, sont positionnées en équerre et légèrement mitoyennes.
La restauration scolaire est un bâtiment à simple rez-de-chaussée et toit-terrasse. Le plan d'ensemble comprenant deux parties, est fonctionnel. Au centre, éclairées par des lanterneaux, sont situées les cuisines, de plan carré, sur sous-sol abritant les réserves et des locaux techniques. Sur le pourtour, disposés en U sur trois des côtés des cuisines, sont installés les réfectoires et les bureaux de l'intendance. La façade principale, orientée sud-est, accueille en son milieu l'entrée, bordée de chaque côté par les petits réfectoires destinés aux professeurs.
Une extension importante : la construction d'un centre de documentation (CDI) et d'information neuf.
En 1992, est inauguré un nouveau centre de documentation et d'information, dessiné par l'architecte Bernard Kaleski. Il est positionné entre l'externat, avec lequel il communique, et le gymnase. Il prend ainsi une place centrale dans l'établissement : celle qui est désormais donnée aux CDI dans les lycées neufs. Bien que de style très différent des constructions industrialisées des années 1960, il s'intègre bien au site.
Cette qualité est à la fois due à son unique niveau - son volume modifie guère la perception du grand externat. Son positionnement en bordure d'une déclivité marquée est également propice à son intégration paysagère. Son plan irrégulier occupe pourtant une surface au sol importante. Les baies en pourtour et des lanterneaux permettent cependant à la lumière naturelle d'y pénétrer largement. Les façades sud-est et nord-est sont décorées de "cages" métalliques. L'une d'elle, au sud-est, "emprisonne" une sculpture métallique, "la vache qui rouille", offerte au lycée, en 2006, par Jean-Pierre Waeckel.
La décoration du lycée au titre du 1% artistique
Un dossier d'inventaire spécifique présente "La décoration des lycée et lycée professionnel Jean Guéhenno au titre du 1% artistique". Il est consultable sur ce même site internet.
D'importantes collections pédagogiques
L'histoire du lycée, dans le prolongement du collège municipal de garçons et de l'école primaire supérieure de filles, explique la présence d'une riche collection d'objets liés à l'enseignement. Elle mériterait une étude plus poussée. Une partie de ces instruments est présentée dans des vitrines visibles par les élèves dans les couloirs du bâtiment A, à proximité des laboratoires de sciences. A noter : la présence de planches murales qui ont été éditées par la maison Boubée, à la fin du 19e siècle, et d'un important herbier des années 1930, très bien documenté (date, lieu de prélèvement, nom du collecteur).
Architecte DPLG, architecte de l’Office départemental des HLM, architecte de la ville de Fougères, directeur de l’école régionale d’architecture, 17 quai Lamartine, Rennes, et 12 rue Chateaubriand, Fougères