Le parti initial de Louis Arretche.
Si l'ensemble réfectoire-cuisines-infirmerie fait "événement" c'est grâce à la singularité de ses formes et de ses proportions, dans un paysage de longues barres - l'une d'entre elles mesure 200 m - construites dans un grand parc boisé.
L'infirmerie, une barre parmi les autres (de 105 m X 13 m environ), se signale par sa faible élévation. Comme le réfectoire, l'architecte Louis Arretche l'a dotée de deux niveaux seulement, quand les externats en ont 3, les internats 4. Une galerie de circulation, placée du côté sud du rez-de-chaussée, dessert des ateliers réservés aux personnels. Elle est dans-œuvre.
Elle fait donc figure d'exception dans l'établissement, où Louis Arretche a privilégié les galeries de circulation hors-œuvre. Elle s'inscrit ainsi dans la continuité du préau du réfectoire et des cuisines.
De l'extérieur, ce dernier semble être un long bandeau vitré, à l'origine surmonté d'un brise-soleil élancé, en béton, tout en légèreté, posé sur pilotis.
Le rez-de-chaussée bas de ce bâtiment est composé d'un vaste préau ouvert sur chacun des trois côtés ouest, sud et est. Il se déploie entre les poteaux de la structure, la sous-face des escaliers et les baies vitrées des couloirs qui, à l'origine, donnent d'accès aux espaces réservés aux WC, aux vestiaires, aux locaux techniques, à la coopérative des élèves. Un paysage d'une grande sobriété dominé par le béton et le verre, mais auquel le bois des huisseries apporte un peu de chaleur.
Le rez-de-chaussée haut regroupe l'ensemble des services de restauration. Il est de plan rectangulaire, d'environ 64 m X 49 m (côtés sud et nord). Au centre, dans un second rectangle plus petit (ca 18,5 m X 22 m), sont implantées les cuisines, éclairées par un grand lanternon. Un couloir réservé à la circulation des agents - et aujourd'hui aux "lignes" de self-service - les sépare des réfectoires, entièrement vitrés sur les trois côtés ouest, sud et est.
Le projet de transformation d'Anthracite 2.0
Ce bâtiment, déjà restructuré (création des lignes de self-service, suppression du brise-soleil), va être transformé en espace multifonctions : centre de documentation et d'information, foyers d'élèves, espace des professeurs, espace polyvalent. Dans ce projet, le lanternon disparaît et fait place à un atrium qui éclaire un patio.
Cette restructuration, confiée par la Région au groupe Legendre, a pour architecte l'agence Anthracite 2.0. Son site internet décrit ainsi le parti retenu lors du concours (2018) :
" Afin d’accueillir ces espaces et de les éclairer naturellement, un patio est créé en son centre à l’emplacement même de l’ancienne cuisine. Ce percement sur deux niveaux implique la démolition de la toiture haute et de la dalle.
L’état initial du bâtiment est déjà le fruit d’une évolution architecturale. A l’origine, le projet présentait des auvents en béton sur toute sa périphérie. Cela participait à l’élancement des proportions. Les lignes et la légèreté qui se dégagent de ce projet ont été pour nous la principale source d’inspiration de notre proposition globale. Ce bâtiment est le représentant d’une époque dans laquelle la structure magnifiait l’architecture. Deux horizontales enserrent un large bandeau vitré entièrement ouvert sur le paysage du parc. Notre intervention a pour seule ambition de mettre en valeur ce qui est. Nous avons proportionné les lignes horizontales en les affinant pour accentuer l’élancement. Nous avons recréé les débords de toiture qui existaient grâce à des consoles métalliques portant des caissons isolés en bois afin d’assurer les protections solaires des larges murs rideaux calepinés sur la structure. Le dessin vertical des modénatures qui interrompt les horizontales n’est que le prolongement des structures existantes. L’ensemble est recouvert de zinc noir. Afin de rendre plus accueillant le préau en continuité du foyer, nous avons mis en place une sous face bois sous les isolants rapportés."
Architecte en chef des Bâtiments civils et Palais nationaux.