Réuni le 30 juin 1922, le Conseil municipal de Pont-l'Abbé envisage la création d'une école primaire supérieure (E.P.S.). Le 21 décembre de la même année, il a recueilli les avis favorables de plusieurs communes du canton : le Guilvinec, Plomeur, Plobannalec, Tréguennec et l'Ile-Tudy. En 1924, un syndicat de communes regroupant une population de 40 000 habitants est constitué pour mener à bien le projet de création d'une "E.P.S. professionnelle, agricole et maritime". Ces écoles permettent la poursuite des études primaires, après le certificat d'études, en dehors de la filière des lycées réservée à la bourgeoisie et à quelques élèves boursiers. Les E.P.S. préparent au brevet élémentaire et au brevet supérieur, quand les lycées et les collèges municipaux préparent au baccalauréat.
L'architecture régionaliste et moderne de Georges Robert Lefort, "à la structure de palais romain" (Le Matin, 01/08/1933)
Un concours d'architecture est organisé dès 1924, dont le lauréat est Georges-Robert Lefort, architecte installé à Guingamp et Rennes, enseignant à l'école régionale d'architecture. Les cinq lots de travaux sont adjugés, en novembre 1927, et les bâtiments livrés, en 1929. Leur architecture associant un réel modernisme (utilisation d'élément porteurs en béton armé, charpente en partie métallique) et des citations régionalistes évidentes (granite, ardoise...) reflète bien le "régionalisme triomphant" (Philippe Bonnet) porté par certaines architectures publiques de l'entre-deux-guerres en Bretagne.
Le 1er août 1933, le quotidien parisien Le Matin, publie une photographie de l'E.P.S. de Pont-l'Abbé à sa une, pour illustrer un article dénonçant les "somptueux cadeaux" de l'Etat aux communes. Il y est annoncé que la construction a coûté 3,1 millions de francs : "C'est ainsi que Pont-l'Abbé s'est trouvé doté, en moins d'une décade, d'un abattoir de grand style, d'un service des eaux pourvu des plus modernes perfectionnements, enfin et surtout d'une école à structure de monument romain (...)"
L'établissement n'obtint cependant pas le statut d'E.P.S. et resta cours complémentaire, sans conséquence sur sa fréquentation. Dès 1929-1930, 139 élèves, dont 64 internes fréquentent "l'E.P.S.", l'année suivante, ils sont près de 200, dont 124 internes.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'école est réquisitionnée par l'occupant. Les cours se poursuivent dans les locaux d'une école primaire, uniquement en externat. Les effectifs chutent.
Les bâtiments modernes et industrialisés d'Henri Riedberger
En 1946, c'est en tant qu'annexe du lycée de garçons de Quimper que rouvre l'école, dans les locaux livrés en 1929. Cette annexe accueille, dès 1952, 300 élèves, dont 78 filles. Sa capacité est dès lors insuffisante.
En 1953 (pour l'internat) et 1954 (pour l'externat), l'Etat se substitue à la municipalité et prend en charge l'établissement. Un grand chantier de 7 ans débute.
En 1954, le ministère désigne Henri Riedberger, architecte en chef des bâtiments civils et des palais nationaux pour conduire l'opération.
Le programme comporte tout d'abord, une restructuration des bâtiments existants - qui s'opère de 1953 à 1967. En 1953, l'infirmerie est agrandie, sous forme de pastiche du bâtiment initial pour gagner de la place et accueillir séparément filles et garçons (elle est transformée en logements en 1967). L'ancien ensemble "internat - externat" est restructuré pour héberger 185 garçons internes, l'administration et des salles de travaux manuels. Le préau est doublé et clos.
En 1958 sont livrés :
- le nouveau bâtiment des services généraux, cuisines et réfectoire pour 750 rationnaires, chaufferie et internat pour 64 garçons (deux dortoirs et deux études).
- le nouvel internat des filles, de 256 places.
En 1961 est livré l'externat. Il avait été conçu pour 840 élèves. Selon les projections, cet effectif ne devait être atteint qu'en 1995. La réalité de l'explosion la demande d'enseignement secondaire, en Pays bigouden comme ailleurs, conduit cependant le ministère à réclamer l'adjonction d'un cinquième niveau, qui porte à 1350 élèves la capacité d'accueil du bâtiment des classes. Son architecture est remarquable.
En 1962, le lycée cesse d'être une annexe du lycée de Quimper et devient "lycée d'Etat mixte".
En 1963 sont achevés le gymnase et le plateau sportif.
En 1964, l'établissement reçoit le nom du médecin, inventeur du stéthoscope, René Laënnec.
Le lycée aujourd'hui
Les bâtiments ont connu des restructurations internes qui n'ont pas trop affecté leurs enveloppes externes, à l'exception de certains remplacements de baies et de la fermeture vitrée du préau de l'externat livré en 1961.
En 2022-2023, le lycée Laënnec compte environ 856 élèves dont 60 internes, 506 filles et 350 garçons.
Architecte, diplômé de l'ENSBA en 1900, directeur de l’École régionale d'architecture de Rennes (1935-1948), 22 boulevard de la Gare, Guingamp