Une chapelle du 17e siècle, un ancien séminaire.
Le lycée professionnel et technologique Jean Chaptal est en partie implanté dans les bâtiments de l'ancien séminaire de Quimper, lui-même installé, au 19e siècle, dans sur le site d'un ancien couvent.
L'article 1er du décret royal du 22 Février 1816 stipule :
"Les bâtiments et dépendances de la maison dite du Calvaire, à Quimper, dont l'acquisition a été faite en exécution du Décret du 27 Décembre 1812, pour l’établissement du dépôt de mendicité du département du Finistère, est cédé (sic), à titre gratuit, à M. L’Évêque de Quimper, pour l'établissement du Séminaire diocésain et en remplacement de l'ancien Séminaire dans lequel se trouve l'hospice de ladite ville".
L'explication de ce texte conduit à éclairer l'histoire des différentes occupations du site.
En 1634, un couvent de Bénédictines du Calvaire y est est fondé. En 1663, débute la construction de la chapelle, toujours existante. Elle est consacrée par Mgr du Louët, en 1567. Cette même année décède le frère de l’Évêque, le chevalier du Louët de Kerizac. Il repose dans l'enfeu implanté dans la chapelle qui possède, par ailleurs, une charpente sculptée remarquable.
Au cours de la Révolution française, le couvent est vendu comme bien national et devient propriété privée.
Celle-ci est expropriée, par décret impérial du 27 décembre 1812, en vue d'y installer le dépôt départemental de mendicité. En 1814, le conseil général refuse cependant de financer cet établissement. Le roi peut donc en transférer la jouissance à l’Évêque, en 1816.
Au cours du 19e siècle, des années 1850 à 1899, de nouveaux bâtiments sont construits en lieu et place de ceux du couvent. Une seconde chapelle consacrée, en 1897. En 1901, Mgr Dubillard rachète le cloître gothique (15e siècle) des Carmes de Pont-L'Abbé et le fait remonter dans la cour du grand séminaire. Il y est inauguré le 17 mars 1902. Ce cloitre avait été classé au titre des monuments historiques le 8 novembre 1879. Démonté par son propriétaire, il avait été transféré au château de Kerhuel en Plonéour.
Suite à la loi de Séparation des Églises et de l’État, le séminaire doit quitter les lieux. L’État y installe une caserne d'infanterie, puis de gendarmerie, qui demeure sur place jusqu'en 1950. Un nouveau séminaire est construit à Kerfeuteun, dans des bâtiments dont les plans sont donnés par Charles Chaussepied. La chapelle construite au 19e siècle pour les besoins du séminaire est démontée puis reconstruite sur ce nouveau site.
L'appropriation des bâtiments afin d'y développer l'enseignement professionnel féminin
L'histoire de l'enseignement public sur le site débute pendant la Seconde Guerre mondiale. Le collège technique de jeunes filles de Brest s'y replie de 1941 à 1945 et occupe une petite partie des bâtiments. La ville de Quimper profite du retour à Brest de ce collège pour développer l'enseignement technique féminin. Elle crée un centre d'apprentissage et un collège technique, par délibération, le 28 juin 1945. Les examens d'admission sont organisés dès juillet, 1945. Les élèves s'installent dans des conditions précaires : elles sont accueillies dans une partie des bâtiments du séminaire, dans 5 baraques qui servent d'externat. Deux dortoirs sont implantés dans des bâtiments, en ville.
Le collège technique devient lycée technique, en 1960, tandis que le centre d'apprentissage prend le statut de collège d'enseignement technique, en 1959, puis de lycée d'enseignement professionnel en 1976.
La croissance des effectifs conduit d'une part à l'occupation de la totalité des bâtiments de l'ancien séminaire, une fois les gendarmes relogés, et d'autre part à leur restructuration pour y héberger au mieux les différentes fonctions d'externat (classes, ateliers), d'internat (dortoirs, chambres, lingerie), de logement, de restauration, d'infirmerie, de parloir... C'est l'architecte Jacques Lachaud qui réorganise l'occupation des bâtiments, entre 1953 et 1960. La chapelle du couvent du Calvaire est, par exemple, transformée en salle de réunion, une salle de gymnastique est installée dans son prolongement. Un réfectoire et des cuisines sont créés au sous-sol (rez-de-chaussée bas) de l'aile nord-ouest...
De nouveaux bâtiments pour accompagner la croissance des effectifs et l'évolution des formations
De 500 élèves dans les années 1950, les effectifs passent à 800 dans les années 1960, nécessitant la construction d'un nouveau bâtiment et d'un nouveau gymnase. C'est également Jacques Lachaud qui en donne les plans. Se conformant aux normes en vigueur en matière d'architecture scolaire, il implante de nouveaux ateliers, de nouvelles salles de classe, dans une barre scolaire de 72 mètres de longueur.
Au cours des années 1980, 1000 élèves fréquentent l’établissement.
En 1988, le service de restauration est restructuré (PC du 1er août 1988). Une extension du réfectoire, de 215 m2, est créée au rez-de-chaussée bas de l'aile sud-ouest. Les architectes quimpérois F. Herniou et P. Rouas assurent la maîtrise d’œuvre. Le maître d'ouvrage est alors le Conseil régional, propriétaire des lycées depuis 1986.
En 1994, le lycée s'agrandit d'un nouveau bâtiment pour héberger les formations hôtelières. Son architecture est confiée, à l'architecte Philippe G. Duhamel (Atelier Architecture Urbanisme Design) qui en étudie les plans en 1992.
La "restructuration du lycée Chaptal, tranche 1994", concerne également la construction de trois logements de fonction et la création d'un escalier de secours pour le bâtiment A (ancien grand séminaire). La maîtrise d’œuvre de ces deux adjonctions est confiée à l'architecte quimpérois Jean Bodereau qui en donne les plans, en novembre 1993.
En 1999, le CDI est agrandi au cours d'une restructuration importante des bâtiments de l'ancien séminaire, qui concerne également la création d'un foyer, la restauration en profondeur d'un logement. L'agence quimpéroise Archipôle Urbanisme et Architecture est chargée de dresser les plans (PC du 5 janvier 1999).
Le lycée aujourd'hui
En 2018-2019, le lycée accueillait 1043 élèves dont plus de 200 internes. Les filles étaient largement majoritaires (831), reflet du statut initial de l'établissement. Les formations professionnelles, à l'origine presque exclusivement liées aux métiers du textile, se sont progressivement diversifiées : tertiaire, hôtellerie, sciences de laboratoires, carrières sanitaires et sociales. Les spécialités actuelles pour les baccalauréats professionnels concernent la commercialisation de services en restauration, la cuisine, la vente, la gestion-administration. Le lycée technologique prépare aux bacs sciences et technologies de la santé et du social, sciences et techniques de laboratoire et sciences et techniques du management et de la gestion. Parmi les élèves, 224 sont des étudiants en BTS dans les secteurs de la santé, de la diététique, du management, du notariat, de l'économie sociale et familiale.
NB : l'épaisseur historique de cet établissement, et la richesse de la documentation disponible pour la barre scolaire, ont conduit à la réalisation de deux sous-dossiers sur l'ancienne chapelle et les bâtiments du séminaire, d'une part et sur la barre scolaire de l'architecte Jacques Lachaux, d'autre part. Ils sont complétés par un troisième dossier sur la décoration au titre du 1% artistique et d'un quatrième sur le gymnase.
Panoramic Bretagne, photographie aérienne, Plouzévédé