Le moulin à eau de Traou an Dour, littéralement la "vallée du cours d’eau", est situé dans le bourg de Loguivy-Plougras en contrebas de la chapelle Saint-Ivy. Son étang et la rigole du canal d’amenée sont alimentés par le ruisseau de Kerroué, petit affluent du Saint-Emilion.
La maçonnerie de la partie basse du pignon nord – du côté de la roue – est vraisemblablement datable du 18e siècle (pierre de taille de granite et oculus). Avant la Révolution, le moulin appartenait à Christophe Marie de Goesbriand, héritier de Bertrand Pierre Marie de La Boexière (1741-1787) via sa fille Pauline Renée qu’il a épousé en 1782. L'édifice est désigné comme le "moulin de Kerguelen". Selon, un état d’août 1794, le moulin apparait comme en très mauvais état "le pignon dudit moulin est ouvert et menace ruine" (sa réparation est évaluée à 300 livres). Il était exploité par Françoise Le Moal, veuve de Pierre Le Guen (mariage le 14 janvier 1751 à Loguivy-Plougras) et son fils, Yves Le Guen (né en 1758). La famille Le Moal est identifiée dans la généalogies des familles papetières de Bretagne et de Normandie. Son propriétaire noble ayant émigré, le moulin est saisi comme bien national.
Le moulin est figuré comme "ruiné" sur le cadastre de 1834 : il parait également nettement plus petit que le bâtiment actuel. Dans l’élévation ouest, le millésime "1839" gravé sur un moellon de granite, pourrait correspondre à une campagne de travaux. Deux têtes sculptées d’homme ont été intégrées à la maçonnerie dans le mur ouest.
En 1867, le moulin appartient à François Marie Le Mat (né en 1839 à Plouzélambre) et Rosalie Philomène Le Cudennec (née en 1844) son épouse, Jeanne Yvonne Le Cudennec et François Jacob "demeurant séparément", propriétaires indivis. François Jacob exploite le moulin. Selon le "Renable" (inventaire ou état), le moulin était doté de deux roues : il est désignée comme "moulins supérieur et inférieur". Le moulin est reconstruit en 1871 comme semble l’attester le linteau millésimé de la porte est. Rosalie Philomène Le Cudennec, épouse de François Marie Le Mat rachète finalement la totalité des parts du moulin en 1876 à Jean François Jacob et à Marie Julienne Cudennec, meuniers et Jeanne Yvonne Cudennec.
Jean Marie Flamanc (né en 1889) a exploité le moulin de Traou an Dour jusqu’en 1968. Il était le fils de Lazare Flamanc et de Anne-Marie Rousseau qui a exploité le moulin de Lossefny en 1906 (selon le recensement de population). Le moulin de Traou an Dour a été vendu par sa nièce, Jeanne Decot à la famille Ollivier en 1983.
Le moulin a été remis en état et restauré par Toussait Ollivier (1914-1997), "charron et scieur de long" de métier (atelier des Cinq-Croix à Ploubezre) et Dominique Ollivier, son fils. La roue à augets, reconstruite une première fois à l’identique en bois, est remplacée par une roue à augets en acier inoxydable. La nouvelle roue, construite par la chaudronnerie Goude à Saint-Brandan, a été inaugurée le 4 juin 2013. Le moulin a conservé ses deux meules, l’une à grain fin pour le blé ou froment, l’autre à gros grain pour le blé noir ou seigle. La plate-forme des meules a été restaurée à l’identique tout comme les mécanismes.
Le moulin de Traou an Dour a été labellisé par la fondation du patrimoine en 2013.
Il a été étudié par le service de l’Inventaire du patrimoine suite à une visite réalisée le 17 janvier 2019 à la demande du propriétaire. Sur la commune de Loguivy-Plougras, d’autres moulins à eau ont été repérés, photographiés ou étudiés en 2010 dans le cadre de l’Inventaire du territoire du schéma de cohérence territoriale du Trégor :
Moulin à papier de Traou Hi (Loguivy-Plougras),