Au sud d’un important hameau situé à la frontière de Bubry et de Guern, la chapelle de Kerlénat est fondée par les seigneurs de Guémené : entre 1457, date à laquelle il succède à son père, et sa mort en 1508, Louis II de Rohan-Guéméné y fait poser une litre funéraire, confirmant les prétentions de fondation de la seigneurie.
Plus que l'édifice pourtant, ce sont les sablières, réalisées par un artiste anonyme au début du 16 siècle, et devenu modèle pour plusieurs édifices religieux des environs, qui sont le trait le plus marquant de Kerlénat.
De plan en croix latine à chevet plat, la chapelle est construite dans un grand appareil de taille d’un beau granite. Le chevet et la chapelle sud sont éclairés par des fenêtres à réseaux flamboyants à remplage en fleur de lys. Traditionnellement, ces derniers sont considérés comme une référence au mariage de la duchesse Anne avec Charles VIII, puis Louis XII, indiquant une date de construction entre la fin 15e et le début du 16e siècle. Les contreforts d’angle dans le chœur confirment cette datation, tandis que les portes ouest et sud, en plein cintre mouluré d’un tore à petits chapiteaux et bases, surmonté d’une épaisse archivolte, sont empreintes d’archaïsme.
Un espace hiérarchisé
A l’intérieur, la nef est séparée du transept par un arc diaphragme en tiers point, jadis fermé par une clôture ajourée, probablement surmontée par une poutre de gloire dont subsistent les statues de la Vierge et saint Jean. Comme le banc extérieur qui court sur la façade sud, les autels adossés de part et d’autre de l’arc diaphragme sont significatifs d’une chapelle de pèlerinage. Le maintien de l’arc diaphragme révèle l’attachement à une formule ancienne qui sépare les espaces : la nef pour les fidèles, encore en terre battue, les bras de transept jouant le rôle de chapelles seigneuriales avec accès privé par une porte en plein cintre dans le mur ouest du bras sud, le chœur étant réservé au clergé. (C. Toscer)
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