En Bretagne, rares sont les œuvres qui évoquent cette scène de la vie de saint Jean l’Évangéliste. Appelé à Rome par l'empereur Domitien, saint Jean, refusant de sacrifier aux dieux, fut condamné à mort. Le tableau relate le supplice à la Porte Latine. Pour mieux le précipiter dans une chaudière remplie d'huile bouillante dont on attise les braises, les bourreaux l'ont attaché à une corde permettant ainsi de le hisser, à l'aide d'une poulie, vers la mort, un sort qu'on réservait alors aux faux-monnayeurs. Femmes et enfants, en bas à droite, regardent avec frayeur le spectacle auquel assiste également, en haut à gauche, l'empereur. L'évangéliste, rafraîchi et rajeuni, sortit indemne de l'épreuve.
Le tableau porte, en bas, à gauche, l'inscription 'J. Piéfort junior invenit et pinxit [..] 1763'. L'artiste est issu d'une famille de peintres rennais dont on cerne encore mal la production. Il s'éloignait d'une iconographie courante et plus ancienne ; comme sur la fameuse gravure de Dürer, on avait généralement l'habitude de figurer le martyr assis dans la cuve alors qu'un bourreau l'aspergeait d'huile brulante. Piéfort par contre, dans un esprit pathétique et académique à la fois, entièrement soumis au style du XVIIe siècle et vraisemblablement inspiré par une gravure, renouait ici avec le thème de la poulie qui était apparu dans la peinture française dès la seconde moitié du XVIIe siècle.
(C. Douard)
Photographe