Le thème des anges présentant des reliques, déjà connu à l´époque romane, se répand au XIIIe siècle à l´imitation du reliquaire de la Sainte Chapelle de Paris destiné à la couronne d´épines du Christ. Ce modèle, diffusé par le biais des milieux princiers, est représenté en Bretagne occidentale par celui de Plougourvest, identifié par son poinçon comme étant une production de Paris de la fin du XIVe siècle. Sur le reliquaire de Saint-Laurent-sur-Oust, les anges perchés sur des colonnes rappellent ceux des courtines d´autel, disposition propre au Moyen-Age, représentée entre autres sur le tableau de la Messe de Saint Gilles, conservé à la National Gallery de Londres. La reprise en ciselure des visages des anges, celle de leur chevelure, sillonnée de traits au burin, leur confère, malgré la petitesse de l´objet, une réelle expressivité. La taille exagérée des mains, fondues séparément et rapportées, souligne intentionnellement le geste de la présentation. Les ailes, simplement découpées dans une petite feuille d´argent, sont ornées d´un léger décor gravé. Les bases à pans verticaux des colonnes, la forme hexagonale du pied central, le nœud à pans bombés recreusés par un sillon médian sont autant d´éléments qui situent ce petit reliquaire vers la fin du XIVe siècle ou le début du XVe siècle. Le reliquaire pédiculé de Chasné-sur-Islet (Ille-et-Vilaine), volé dans les dernières années, les armoiries gravées sur le pied confirment cette datation et livrent l´identité du commanditaire. Ces armes correspondent à celles de la famille de Champaigné ou Champagné en Gévezé près de Rennes, qui sont d´hermines au chef de gueules. Or les Lettres et mandements du duc Jean V mentionnent en 1406 un certain Thomas de Champaigné, receveur pour le compte du duc des revenus de l´importante forêt de Touffou au sud-est de Nantes. Ce personnage est visiblement proche du prince au point qu´il avance « 16 ecus pour un haubergeon d´acier (petite cotte de maille) pour monseigneur ». Par ailleurs, époux d´Anne de Malestroit, héritière d´une branche de cette illustre maison, celle de Beaumont à Saint-Laurent-sur-Oust, il est sans doute le commanditaire du présent reliquaire. Tous ces indices concordent donc pour dater de la fin du XIVe siècle ou du début du XVe siècle cet objet dont la petite taille et le raffinement d´exécution sont directement issus de l´art de cour de l´époque. Toutefois, l´absence de tout poinçon, celle d´émaux et de pierreries, et l´identité du commanditaire permettent d´y voir l´œuvre d´un atelier de haute Bretagne. Entre Rennes et Nantes, il est difficile de trancher.
(J. -J. Rioult)
Prêtre