Cette garniture d´autel, composée de six chandeliers et d´une croix, réalisée entre 1744 et 1746 par l´orfèvre rennais Marie Pluniant, est associée à une lampe de sanctuaire due au même atelier. La fabrication de tels ensembles en argent tendant à se raréfier au XVIIIe siècle, époque à laquelle s´impose progressivement l´emploi du métal plaqué d´argent ou celui du bronze doré, leur conservation jusqu´à nos jours est une rareté. Cette importante commande est à rattacher à la reconstruction totale de l´église paroissiale de Laz entre 1720 et 1730 par l´ingénieur Isaac Robelin qui dresse aussi en 1721 le nouveau plan pour la reconstruction de Rennes après l´incendie de 1720. Cette filiation est peut-être à l´origine de la commande d´une partie de l´orfèvrerie de la nouvelle église à des orfèvre rennais. Celle-ci peut aussi s´expliquer par la position sociale importante des commanditaires. La famille de Kernezne, devenue barons de Laz par alliance depuis la fin du XVIe siècle était aussi marquis de la Roche en Saint-Goazec, titre justifiant ici la couronne qui timbre les armoiries gravées sur chaque chandelier ainsi que sur la croix d´autel. L´écu en losange indique que le commanditaire est une femme, sans doute la veuve du seigneur, agissant en son nom en tant que patron de la paroisse. Le modèle ici employé par l´orfèvre rennais, Marie Pluniant, veuve de Jean Lacerre, d´une grande élégance, adopte un pied de section triangulaire dont les pieds en volutes et pattes de lion enserrant des boules, encore très Louis XIV, rappellent en particulier les modèles dessinés par André-Charles Boulle, vers 1700. Le reste du décor est caractéristique du répertoire employé à Rennes dans les arts décoratifs vers les années1720-1730 : jeu de fonds quadrillés remplis de fleurettes, godrons, feuillages stylisés se détachant sur un fond mati, fut en balustre dont le profil est identique à celui des escaliers rennais contemporains, le tout surmonté d´une vase Médicis qui sert de bobèche au pique cierge. La croix elle-même, dont la base reprend comme il est habituel, le modèle des chandeliers, est ornée de fleurs de lys « fleuronnées » et surtout d´une face de soleil dont le dessin est directement emprunté aux modèles mis en oeuvre à Versailles et Trianon dans les dernières années du règne de Luis XIV. Ces références explicites et précises témoignent de l´impact encore très fort des formes d´un style royal officiel sur les oeuvres d´apparat de la production rennaise antérieure à 1750.
Cette lampe de sanctuaire appartient à un ensemble qui comprend en outre, une grande croix d'autel ainsi qu'une série de six chandeliers, ensemble offert à la paroisse par une femme de la famille de Kernezne, seigneurs de Laz depuis le XVe siècle. La forme, en vasque suspendue destinée à recevoir le trop plein de la veilleuse à huile, reprise ici, apparue au cours de la deuxième moitié du XVIIe siècle, sera utilisée jusqu´à la fin du XIXe.
Sur cette oeuvre qui sort de l'atelier de Marie Pluniant veuve de Jean Lacerre, le répertoire régence se déploie avec faste. Oves et entrelacs, canaux et godrons, lambrequins, feuilles d'acanthes et cartouches rocailles ornent successivement les sections convexes et concaves séparées par de légers redents qui confèrent à l'objet l'élégance de son profil contrasté. L'emploi de larges gorges mises au mat, semblable à celles utilisées dans les lambris sculptés, contribue à faire ressortir les larges cartouches rocaille. L'effet de richesse recherché par l'orfèvre est ici pleinement atteint.
Prêtre