Malgré la disparition des reliques qu´il contenait, ce buste-reliquaire est identifié avec certitude, grâce à l´historiographie locale comme celui de sainte Brigide d´Irlande, patronne dès le début du Moyen-Age de Trigavou, paroisse de l´évêché de Saint-Malo où la dévotion à cette sainte était autrefois très répandue. Les deux lunettes, circulaire au sommet de la tête et allongée sur le devant du buste indiquent que le reliquaire devait contenir et un fragment du crâne de la saint ainsi qu'une de ses côtes. Les armes en alliance gravées sur la plaque, d´origine, fixée à la manière d´une broche sur le devant du buste sont celles de Sébastien René de Cahideuc et de Guyonne de Montbourcher, dame et marquise du Bois de la Motte héritière de cette importante seigneurie, dont les détenteurs sont également seigneurs prééminenciers et fondateurs de la paroisse. L´oeuvre porte le poinçon du maître orfèvre malouin Guillaume Hamon -lettres G et H séparées par une grande hermine et surmontées d´une couronne, en exercice vers la fin du XVIIe et le début du XVIIIe siècle, ce poinçon ne peut être confondu avec celui de son homonyme brestois, qui comporte outre l'hermine, une fleur de lys et deux points et dont les dates d'exercice sont sensiblement postérieures. De plus, la présence du poinçon de communauté de Saint-Malo au navire avec la lettre date Y qui le situe vers 1688, enlève tout doute sur le lieu de fabrication de l'objet, parfaitement logique au demeurant pour une paroisse qui ressort de cet évêché. Guillaume Hamon appartient à la fin du XVIIe siècle à l'une des deux plus importantes familles d'orfèvre de la ville, mais nous ne connaissons pas sa date d'accession à la maîtrise. Quoi qu'il en soit, la présence du poinçon de charge pour les ville de la juridiction de Rennes ne possédant pas encore de jurande, permet d'être certain que l'objet est antérieur à 1697, date à laquelle la communauté malouine se transforme en jurande dirigée par un sous-fermier.
Quelle que soit la formation de l'orfèvre, le buste-reliquaire de Trigavou témoigne d'une technique parfaitement maîtrisée, aussi bien dans l'assemblage des huit plaques d'argent utilisées que dans l'emploi du repoussé-ciselé qui fait alterner effets amples et refouillés. Il est enfin un assez rare exemple de reliquaire morphologique haut breton conservé et atteste la pérennité de ce type de commande, ici due au mécénat seigneurial, par-delà le concile de Trente.
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