Tout dans ce calice en fait une oeuvre de la première moitié du XVIIe siècle : l'évasement de la coupe, les proportions du noeud piriforme, le pied bombé, le décor estampé de sa bordure, encore marqué par le répertoire renaissance, ainsi que celui des bagues.. Le décor du noeud, à têtes d´anges et chutes de fruits, apparu vers les années 1620, est ici transcrit avec une verve empreinte d´une certaine naïveté. Les têtes d´angelots habituellement fondues sont obtenues par ciselure et leur volume plus important qu´à l´ordinaire a entraîné la superposition des ailes. La croix aux extrémités obliques ciselée sur le pied et l'étonnante lance tout droit sortie d'un tournoi, argumentent dans le même sens. Le décor de la patène, un soleil à rayons triangulaires et ondoyants semblable à ceux des premiers ostensoirs ainsi que l´emploi de la gravure au tremblé, sont parfaitement en accord avec le style et la datation du calice.
Le poinçonnage sur le dessus du pied qui semble avoir été spécifique à Saint-Malo pour la première période de production et la forme en écusson du poinçon de maître, sont forcément antérieurs au milieu du XVIIe siècle. Le poinçon de communauté de Saint-Malo, ici particulièrement bien insculpé, montre tous les détails d´un navire de type caravelle, sans voilure, forme qui le situe dans la première moitié du XVIIe siècle. Le poinçon de maître aux initiales H L et G en pointe, permet d'attribuer cette pièce sobre mais de belle qualité, à l'orfèvre malouin Hugues I Lossieux, né en 1615 et reçu à la maîtrise vraisemblablement un peu avant 1638. Le calice de Ploubalay, oeuvre du XVIe siècle portant avec le poinçon au navire celui d'un maître orfèvre inconnu, permet d'affirmer l'existence d'une communauté à Saint Malo bien avant la fin du XVIIe siècle. Le calice de Saint-Juvat qui représente pour la haute Bretagne un des premiers exemples de modèle à pied circulaire montre la qualité du travail des maîtres malouins qui suivent de près la mode parisienne.
Prêtre