Contexte paysager et urbain
Le lycée hôtelier de Dinard est implanté dans le parc encore très arboré de trois anciennes villas balnéaires du 19e siècle, à quelques mètres à l'ouest de la baie du Prieuré. Il est bordé à l'est par le boulevard des Maréchaux (anciennement avenue de la Libération), une route départementale fréquentée pour accéder à la côte.
Au nord-est, de l'autre côté de la rue des Écoles, se situent la Mairie et son service des affaires scolaires, implanté dans une ancienne école, mais le contexte urbain est essentiellement dominé par de l'habitat pavillonnaire. A l'ouest, de l'autre côté de la rue de la Croix-Guillaume, la cité jardin Pasteur mérite d'être signalée.
Le lycée construit en 1973
Le plan-masse donné par l'architecte en chef des bâtiments civils et palais nationaux en 1970, Patrice Simon, urbanise la parcelle dans sa plus grande longueur. Selon un axe sud nord se succèdent six bâtiments : les ateliers, l'externat, le bâtiment de l'administration et des services communs (restauration scolaire, infirmerie), l'internat des filles, celui des garçons et les logements de fonction, dont les plans, conservés aux archives départementales d'Ille-et-Vilaine (Fonds Patrice Simon) sont disponibles sous forme de PDF en annexe de ce dossier. Les quatre premiers de ces six bâtiments sont reliés entre eux par des galeries. Tous ces bâtiments possèdent une armature poteaux poutres en béton armé, et sont couverts de toitures-terrasses. Les façades sont parée de panneaux de béton brut, les pignons de pierre de granite smillées. L'architecte a donné aux façades de l'externat un trame régulière, avec des fenêtres et des allèges uniformes. Pour les internats, à l'inverse, il a varié les hauteurs des allèges.
Les ateliers, de plan rectangulaire, s'élèvent sur deux niveaux et intégraient, à l'origine, un petit restaurant d'application.
L'externat, de plan rectangulaire, possède quatre niveaux. Il est desservi par des couloirs centraux et des cages d'escalier situées à chaque extrémité. Largement vitrées, ces dernières forment l'un des éléments décoratifs les plus marquant de l'établissement. Elles évoquent un parti appliqué par Louis Arretche dans les lycées qu'il a construit à Rennes. Le rez-de-chaussée accueillait des salles de permanence, la salle des professeurs et la documentation, les étages, les salles de classes, y compris celles dédiées aux sciences, accompagnées de laboratoires et de salles des collections.
Le bâtiment de l'administration et des services communs s'élève sur deux niveaux qui accompagnent la déclivité de la parcelle : un rez-de-chaussé côté parc, et, au-dessus, un rez-de-chaussée côté hall. Le niveau inférieur, celui de de l'infirmerie et de la restauration scolaire, de plan rectangulaire, est plus large que celui de l'administration si bien qu'à l'est, les bureaux donnent sur les terrasses du toit. Le hall d'entrée, qui forme une petite aile en retour d'équerre, accueille la décoration au titre du 1% artistique. La façade ouest des bureaux est précédée d'une galerie couverte dont les colonnes en béton rappellent celles du lycée Jacques Cartier de Saint-Malo. Nouveau clin d’œil à Louis Arretche ?
L'internat des filles, de plan carré a 5 niveaux sur sous-sol. Le rez-de-chaussée accueille le foyer des internes et les études. Aux étages, desservis par une cage d'escalier située à l'ouest, les dortoirs de 8 lits chacun sont regroupés par trois côté nord et côté sud. Au centre sont implantés les blocs sanitaires et, originalité du programme, le côté est du carré est dédiée à deux logements de fonction par étage, précédés, en façade, de balcons filant sur toute la longueur. Les dégagements du dernier niveau sont éclairés par la lumière naturelle provenant d'un patio.
L'internat des garçons reprend le même parti, mais il possède un niveau de moins et n'a pas de patio au dernier étage.
Le bâtiment des logements de fonction, est implanté au nord-est de la parcelle, sur l'ancien emplacement de la Villa la Luzerne. Il s'élève sur trois niveaux. Son plan accole un carré côté nord, où se superposent des logements de 3 chambres avec séjour, et un rectangle côté sud, abritant des logements de quatre chambres avec séjour et salon.
Le nouveau restaurant pédagogique et restructuration des ateliers, 1993 (permis de construire).
La première extension importante du lycée est un bâtiment de plan en T irrégulier, implanté à l'est des ateliers et de l'externat, pour accueillir un grand restaurant pédagogique et une salle des fêtes. Il a été dessiné par Pierre Pacault et Jacques Colin (agence Arcature), déjà auteurs de plan pour d'autres lycées hôteliers. Le programme comporte aussi la restructuration des ateliers et la création d'une passerelle pour relier ces derniers au nouveau restaurant pédagogique.
Pour les bâtiments neufs, les architectes reprennent la géométrie carrée et rectangulaire du bâti existant, son vocabulaire moderne - notamment avec la structure en béton très marquante du porche d'entrée - mais ils osent aussi les courbes (extrémité ouest de la salle des fêtes) et profitent des évolutions technologiques pour doter le bâtiment de larges baies vitrées.
Les extensions des années 2000 - 2018
En 2003 (PC), l'architecte François Paumier a restructuré le service de restauration. La réhabilitation des cuisines a nécessité une petite extension du bâti au nord.
Entre 2008 et 2012, le lycée est l'objet d'une importante extension et restructuration, confiée à l'architecte Thierry Soquet (agence Architectures plurielles). Il crée deux nouveaux espaces : un CDI et un espace professeur. le premier s'insère entre l'administration et les ateliers d'origine, dans le prolongement de la première, selon un axe sud nord et, entre le nouveau restaurant d'application et l'externat, selon l'axe est-ouest. L'architecte joue des ruptures et des continuités. L'utilisation du bois, sur certaines façades, participe d'un plaidoyer environnemental et d'une volonté d'intégration au parc. A l'inverse, le choix de panneaux métalliques et de couleurs très vives pour la façade ouest participent plutôt de la rupture. Mais il s'agit dans doute, dans un espace plus fermé, sans ouverture sur le parc, d'apporter un peu de gaieté.
Le bâtiment comporte deux niveaux. Au rez-de-chaussée se situe le foyer des élèves, à l'étage le CDI. Cet étage se situe au même niveau que l'administration et le hall d'entrée. Il crée une passerelle qui permet de relier directement ce hall, le CDI, le premier étage de l'externat et les ateliers, créant de nouvelles circulations pour faciliter les déplacements entre les différents bâtiments. Astucieusement, le CDI occupe ainsi une place centrale dans l'établissement, alors que la documentation était à l'origine une simple pièce de l'externat. Un signe des évolutions pédagogiques.
Un espace professeur est également ajouté dans le prolongement du hall d'entrée, à l'est, à proximité immédiate de l'administration. Afin de compenser la déclivité du terrain, il est placé sur pilotis.
Thierry Soquet a enfin restructuré le bâtiment d'externat afin d'en améliorer les performances thermiques. Il a pris le parti de respecter scrupuleusement l'architecture originelle de Patrice Simon, en ne modifiant rien du volume, du dessin des façades et de la colorimétrie.
La décoration au titre du 1% artistique.
Une sculpture monumentale en cuivre de Gérard Delahaie, implantée à l'extérieure et à l'intérieur du hall d'entrée, décore le lycée. Elle a pour thème : "voiles et vagues" et fait l'objet d'un dossier spécifique.
Architecte en chef des Bâtiments civils et Palais nationaux, 3 rue de Montfort, Rennes et Saint-Malo.