Vieux manoirs
Lesquélen (p. 169-170)
"L'ancien manoir de Lesquelen a disparu. La maison de ferme, qui existe toujours, est ancienne dans sa partie Ouest : porte gothique à cintre appointé et deux ou trois fenêtres. Il y a aussi au bord de la route les restes d'un moulin gothique.
Lesquelen appartenait à la famille de Kermavan ou Kerman, qui avait pour berceau le château de même nom, sis en la petite paroisse de Kernilis, près de Lesneven. Les Kerman possédaient, en l'évêché de Léon, deux autres châteaux à motte : La Marche, en Trézilidé, et le Bois-Ploué, en Plounévez-Lochrist.
Au cours du 13e siècle, Béatrix de Kerman épousa François de Léon, sire de Lesquelen. Trois siècles plus tard, en 1577, Claude de Kernian se marie à Francois de Maillé, puissant gentilhomme tourangeau (1). Elle demeurait, en 1598, dans son manoir de Lesquelen, et mourut le 12 Avril 1614 (2).
Un aveu de la terre de Maillé, de 1618, mentionne, comme propriété du seigneur de Lesquelen, la tour de Damanny, bâtie dans le cimetière de Plabennec, devant la grande porte de l'église."
Les Kerman Lesquélen blasonnaient : écartelé aux 1 et 4 d'azur à la tour d'or portée par une roue de même qui est Lesquélen, aux 2 et 3 d'azur au lion d'or qui est Kerman.
(1) Le Guennec, Prééminences de la famille De Maillé-Kerman dans l’évêché de Léon en 1614, p. 1-5.
(2) Kerdanet, Vies des Saints..., p. 405.
[…]
Notre-Dame de Lesquélen (p. 200-201)
"Cette charmante chapelle gothique se trouvait aux pieds de la Motte de Lesquelen, au Sud-Est. Elle mesurait 16 mètres de long sur 5 mètres de large ; avec un bas-côté, à droite, de quatre ou cinq travées. Le clocher ressemblait à celui de l'église de Saint-Divy.
Les fondateurs en furent les seigneurs de Kerman-Lesquelen, qui la possédaient de façon prohitive. Leurs armes ornaient le tympan des cinq fenêtres et timbraient les pignons, pleines et en alliance de Quélen, Rosmadec-Gouarlot et la Forest. Trois de ces fenêtres avaient des vitres peintes. Celle du chevet montrait Jésus crucifié entre la Sainte Vierge et Saint Jean, avec Madeleine embrassant le pied de la croix.
Au-dessus, des anges tenaient les instruments de la Passion. Une seconde vitre figurait la Salutation angélique, et la dernière le Trépassement de la Vierge dans un riche lit à baldaquin de pourpre et colonnes dorées, en présence des onze apôtres (1). "Cet oratoire, écrit dom Cyrille Le Pennec, est, d'ordinaire, fort visité d'un grand peuple, aux principales festes de la Vierge, parce que l'on a vu que plusieurs ont trouvé du soulagement en leurs ennuys et calamitez, après y avoir réclamé l'assistance de la Mère Sacrée de Dieu."
Au témoignage de M. Queinnec, recteur en 1856, le sanctuaire de Lesquelen existait encore entièrement à la date de 1823, mais en assez mauvais état (2). L'acquéreur l'offrit tel qu'il était, avec ce qui en dépendait, pour la somme de 600 francs, et cette offre ayant été rejetée par le curé de Plabennec, le propriétaire, irrité de ce refus, se mit à démolir l'édifice, à en vendre les matériaux, et la statue de Notre-Dame de Lesquelen fut transportée à l'église de Kersaint, où elle est encore. De l'antique oratoire il n'existait plus en 1856 que le clocher, dont on avait même retiré un certain nombre de pierres.
M. Queinnec avait acheté au prix de 300 francs l'emplacement de la chapelle et ce qui en restait, et il espérait pouvoir, un jour, la reconstruire. D'autres soucis l'empêchèrent de réaliser son dessein.
Dans la journée du 6 Février 1884, le clocher s'écroula avec un épouvantable fracas. Cinq ans plus tard [1889], une partie du calvaire voisin s'effondra à son tour. Il ne subsiste au haut du fût que deux anges, formant support. Sur Ie devant, on aperçoit un écusson écartelé aux 1 et 4 d'une tour portée sur une roue, aux 2 et 3 d’un lion. C'est le blason des Kerman-Lesquelen.
La Vierge de Lesquélen recevait surtout les hommages des fidèles Ie 15 Août et en fin de Septembre. Le jour du pardon paroissial de Saint-Ténénan, Ia procession partait du bourg, à 6 heures du matin, pour se rendre à la chapelle, et après avoir passé par Larnorven, elle était de retour au bourg pour l'heure de la grand'messe. La dernière procession à Lesquelen eut lieu en 1823, le jour de la fête du Rosaire (3)."
(1) Le Guennec, Prééminences de la famille De Maillé-Kerman dans l’évêché de Léon en 1614, p. 1-5.
(2) Il avait été réparé en 1810 par l’acquéreur Brunel, qui y avait consacré une somme de 600 francs.
(3) Buez Sant Tenenan... (..-W ar Yaouank, 1918, p. 62. On trouvera dans cette brochure plusieurs cantiques bretons sur saint Ténénan, Notre-Dame de Locmaria, Notre-Dame de Lesquelen, sainte Anne, sainte Raparen, dont l'église de Plabennec conserve des reliques, saint Sébastien et saint Roch, sur les "corvées" ou quartiers de la paroisse. La pièce bretonne qui chante les adieux de M. Jestin, recteur, y figure également.
Antiquités (p. 212)
"Trois mottes sont signalées à Plabennec. L'une se trouve à 150 mètres au Sud de la ferme de Lesquelen. C’est un énorme monceau de terre mesurant 130 mètres de hauteur, avec une douve très profonde au Nord et au Nord-Ouest, moins creuse ailleurs. Sur la terrasse supérieure on voit quelques traces d'un édifice qui semble avoir été une tour de construction irrégulière. De nombreuses pierres de taille et de multiples moellons gisent dans la douve et aux alentours mais il ne semble pas que la butte ait été revêtue de pierres (2).
Une seconde motte est à 150 mètres au Sud du village de La Motte ; une troisième au lieu-dit Ar Chastel.
Flagelle parle d'un puits se trouvant dans la cour de l'ancien manoir de La Motte, où, en descendant de quelques mètres, on pouvait entrer dans une salle circulaire voûtée en pierres, de 10 à 12 mètres de diamètre (3). "
(1) Du Chatellier, Les Epoques Préhistoriques..., 1907, p. 110-147.
(2) Arch, départ. Fonds Le Guennec.
(3) Notes Archéologiques sur le Département du Finistère, p. 41.
PÉRENNÈS, Henri. "Notices sur les paroisses du diocèse de Quimper et de Léon : Plabennec". Bulletin diocésain d'histoire et d'archéologie, vol. 37, 1938, 288 p.
Prêtre