Un lycée pour faire face à l'afflux d'élèves provenant de tout l'ouest du centre Bretagne
Le 5 avril 1959, le maire de Carhaix donne lecture au Conseil municipal d'une lettre du ministre de l'Education Nationale lui faisant part "de la décision prise de construire un lycée et un centre d'apprentissage à Carhaix". La ville doit fournir un terrain d'au moins 3 hectare qui "de l'avis de tous devrait se situer dans le quartier de la gare".
Depuis 1956, fonctionne à Carhaix un collège municipal, en vertu d'un traité constitutif signé entre la commune et le ministère, traité arrivé à échéance dix ans plus tard et renouvelé, dans l'attente de l'ouverture du nouvel établissement, par délibération du 7 avril 1966. En 1960, le choix de la transformation du second cycle du collège municipal en lycée communal mixte, s'impose de préférence à la création d'une annexe du lycée de Morlaix. Ce lycée est implanté, à partir de 1963, dans 12 classes préfabriquées, entre la grand rue (avenue Général-de-Gaulle), et les rues de la Salette, des Rosiers et Ricou. La croissance des effectifs rend cette implantation de plus en plus précaire et nécessite l'installation de nouvelles classes mobiles, rares. Ainsi, septembre 1965, la ville obtient 4 nouvelles classes mobiles en provenance de Saint-Martin-des-Champs (29). Pendant ces années, l'investissement de la commune est élevé. C'est elle qui fournit le terrain, le viabilise, construit un bloc sanitaire, "un préau en bois de type hangar agricole", renforce le plancher des cuisines, achète du matériel d'enseignement. Pour ce faire, elle recourt parfois à l'emprunt. Ainsi n'a-t-elle de cesse de limiter cette participation et obtient-elle du ministère, en 1965, la création d'un Collège d'enseignement secondaire (CES) regroupant l'ancien Collège d'enseignement général (CEG) et le premier cycle du lycée et sa "nationalisation".
Tout en devant gérer l'afflux de nouveaux élèves provenant de trois départements, la commune intervient, en 1966, en faveur de la création d'une "section de philosophie" pour permettre aux 25 élèves qui désirent suivre ce cursus de rester à Carhaix, plutôt que d'aller à "Quimper, Morlaix, Lorient ou Guingamp".
Les difficultés d'accueil ne cessent pas à l'ouverture de la nouvelle cité scolaire, en 1967. Les collégiens y sont en effet accueillis jusqu'à la rentrée 1976 et l'ouverture du nouveau collège de 1200 places, à proximité du lycée. La municipalité en profite de cette ouverture pour réclamer "l'Etatisation" du lycée.
Le programme pédagogique du nouveau lycée et collège d'enseignement technique prévoyait un effectif de 1400 élèves, dont 680 garçons et 720 filles, répartis entre internes (816) et demi-pensionnaires (316). Dès son ouverture dans les nouveaux locaux, en 1967, près de 800 élèves fréquentent l'établissement.
Un établissement de construction industrialisée
L'année 1964 est une année décisive concernant la construction d'un établissement neuf. En effet, le conseil général des bâtiments de France (CGBF) se réuni à trois reprises pour examiner le projet. Les 14 janvier, 10 mars et 7 juillet, il examine le plan de masse, proposé par les architectes Hervé Péron et Alexandre Weisbein. Dès 1959, la municipalité a demandé que leur soit adjoint M. Coignat, architecte à Carhaix, pour que lui soit confiée la surveillance des travaux.
La commune fournit un terrain de 9ha environ, en pente, et de forme longitudinale, à contresens de la déclivité. Lors de la première réunion concernant ce lycée, le CGBF est ainsi amené à réclamer une solution plus adaptée au terrain et au site. Il demande également de varier les hauteurs des bâtiments dans un souci d'intégration au paysage urbain. Lors d'une deuxième séance, il approuve l'une des quatre solutions proposées, moyennant de légères modifications. Lors de la troisième, enfin, est présentée une maquette.
Les premiers plans d'avant-projet, conservés aux archives départementales du Finistère, sont datés du 27 juin 1962.
Le 9 octobre 1967, la tranche principale des travaux est achevée : elle comprend l'externat, les ateliers, l'administration et les logements, l'infirmerie, la restauration scolaire et la partie ouest de l'internat des garçons. A cette date, la construction du gymnase débute, celle de l'internat des filles et de la partie est de l'internat des garçon n'est pas achevée. Ces travaux, qui relèvent de la deuxième tranche, sont financés à hauteur d'environ 6% par la Ville. Le 8 juillet 1968, l'ensemble est achevé, le plateau sportif en cours de finition (photo Heurtier).
La restructuration du bâti d'origine s'accélère.
Très vite, des travaux de chauffage et d'étanchéité s'avèrent nécessaires, mais les premières grosses restructurations datent de la fin des années 1980, sous maîtrise d'ouvrage régionale désormais. Le restaurant scolaire est restructuré en self service (Jean Coignat, architecte), et un nouvel atelier pour les formations "poids-lourds" est construit (en 1989-1990 pour ce dernier, J. Coignat, architecte).
En 1996, une salle de gymnastique municipale est accolée au gymnase (J. Coignat, architecte).
En 2012, un permis de construire est délivré pour la restructuration de l'externat. Il s'agit d'adapter les espaces scolaires aux nouveaux besoins, notamment en créant un "espace lycéens" regroupant, au rez-de-chaussée, un CDI et les services de la "vie scolaire". Les travaux ont lieu en deux temps. En 2013-2014, l'agence AUA BT intervient sur quatre des cinq niveaux. Puis, en 2018, par l'Atelier Trois-Architectes restructure le 2e étage et remplace les bardages de la partie ouest de la façade.
En 2020, l'infirmerie est démolie.
En 2021, le gymnase l'est à son tour.
En 2022, les travaux de construction des bâtiments neufs prévus pour les remplacer débutent, conduits par l'atelier CUB3, pour le nouveau gymnase, et par l'Atelier Trois-Architectes, pour le bâtiment regroupant l'infirmerie ainsi que de nouveaux locaux pour les agents. Cette même année est réceptionnée la restructuration du rez-de-chaussée du bâtiment de l'administration et des logements, comprenant notamment la création d'un nouvel accueil (Atelier Trois Architectes).
Le lycée aujourd'hui
Administrativement, le CET devient lycée d'enseignement professionnel (LEP), en 1976, puis lycée professionnel. L'ensemble est depuis 2004 un lycée polyvalent qui a conservé le nom du peintre Paul Sérusier (1865-1927). Celui-ci avait été choisi par le Conseil municipal, en 1988, pour le lycée "général", suite à une proposition du conseil d'administration qui avait eu du mal à choisir entre ce nom et celui de lycée Haute-Cornouaille (12 voix chacun).
Architecte DPLG, 30 rue Voltaire, Brest