• enquête thématique régionale, Inventaire des lieux et objets de pardon et de pèlerinage en Bretagne
Lieux et objets du pardon de Notre-Dame d'Espérance (Saint-Brieuc)
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    Bretagne

De la chapelle Saint-Pierre au culte de Notre-Dame d'Espérance

L'ancienne chapelle, placée sous le vocable de saint Pierre et de l'Immaculée Conception, atteste de l'existence d'un culte marial sur ce site dès le début du 17e siècle.

En 1796, l'édifice est racheté par l'imprimeur Louis-Jean Prud'homme et en 1837, l'évêque nomme son fils, l'abbé Paul Prud'homme, directeur de la congrégation de l'Immaculée Conception qui occupe et gère la chapelle. Dès 1838, et l'institution par l'abbé Prudhomme des exercices du mois de Marie, des processions en l'honneur de la Vierge sont organisées le dernier jour de mai.

La chapelle est alors toujours placée sous le vocable de l'Immaculée Conception et c'est seulement à la suite de la guérison miraculeuse d'un enfant de la ville, fin 1847, attribuée à l'invocation de "Notre-Dame d'Espérance", que l'abbé Prud'homme modifie sa titulature. Les évènements révolutionnaires de février 1848 mènent bientôt à la création dans ce même lieu d'une confrérie (ou groupe de prière) pour la Salut de la France, sous le patronage de Notre-Dame d'Espérance. Enfin, en août 1848, recevant l'approbation de Rome, la confrérie devient archiconfrérie de Notre-Dame d'Espérance.

Très vite, le culte de Notre-Dame d'Espérance se développe. La chapelle est dotée d'indulgences qui attirent les pèlerins par milliers, tout au long de l'année mais aussi les jours de pardons, grandes manifestations de piété collective qui rassemblent bien au-delà des seuls habitants du quartier. Face au succès grandissant du pèlerinage, l'abbé Paul Prud'homme décide la reconstruction totale de la chapelle, lancée en 1852 et vraisemblablement achevée en 1857.

Le 30 juillet 1865, la statue de Notre-Dame d'Espérance, œuvre du sculpteur Pierre Ogé (1852), est couronnée par le pape Pie IX. L'évènement a lieu le lendemain de la saint Guillaume (évêque de Saint-Brieuc) de 1220 à 1234, sur la place devant la cathédrale Saint-Etienne. Selon les chroniqueurs, il rassemble 40 à 50 000 fidèles. Cet hommage symbolique, rendu par le pape, témoigne de la montée en puissance du sanctuaire.

Pardons et pèlerinages d'hier et d'aujourd'hui

Les différents témoignages de la seconde moitié du 19e siècle indiquent que le pardon se déroule alors le 31 mai, en clôture du mois de Marie. Une procession aux flambeaux, dont l'horaire varie entre 20h et 21h forme une boucle dont le départ et l'arrivée se font place Saint-Pierre. Cette procession traverse aussi la rue Saint-Guillaume. Le dixième numéro de l'Indépendance Bretonne (1870) indique qu'à cette date, une station a lieu au Champs de Mars où un reposoir néo-gothique est installé. Nous retrouvons ce reposoir au même endroit lors des processions de 1901 et 1925. Parmi les objets processionnés depuis les débuts du sanctuaire, un bateau ex-voto offert par des marins du Légué en 1854, est porté par des marins de l'Etat jusqu'en 1880. Les élèves de l'école navale de Saint-Charles prennent ensuite le relais. Une bannière offerte en 1871, suite au vœu adressé à Notre-Dame d'Espérance pour le salut de la France dans le contexte de la guerre franco-prussienne (1870-1871) compte aussi parmi les objets phares ; elle est encore processionnée dans les années 1930.

Durant la première guerre mondiale, la promesse d'un ostensoir est faite à Notre-Dame d'Espérance en échange de la fin du conflit. Œuvre de l'orfèvre lyonnais Armand-Calliat, il est inauguré le 8 septembre 1920, lors du grand pèlerinage d'action de grâce et processionné sous un dais portatif.

L'ombellino et le tintinabule, objets attestant du statut de basilique de la chapelle, obtenu en 1903, font aussi partie du cortège au 20e siècle.

Aujourd'hui, le pardon se déroule le dernier dimanche de mai, toujours dans cette volonté de marquer la fin du mois de Marie. La procession se fait en fin d'après-midi, après la messe et se rend sur la place devant la cathédrale avant de regagner la basilique. Le port des objets lourds a été abandonné. Seules une croix de procession qui était déjà en usage au 20e siècle, la fluette bannière de Chine (1895) et la statue de Notre-Dame d'Espérance servent encore de support à la pratique processionnelle.

Documents d'archives

Bibliographie

Documents figurés

Date(s) d'enquête : 2023; Date(s) de rédaction : 2023