La maison en pan de bois dite de la Mère Pourcel, protégée au titre des monuments historiques, a subi un incendie au cours de la nuit du 22 au 23 juin 2019. Elle a bénéficié d'une campagne de datation dendrochronologique antérieure à sa destruction, complétée en février 2021 d'un diagnostic archéologique réalisé sur ses vestiges.
- liste immeubles protégés MH
- enquête thématique régionale, Architecture urbaine en pan de bois
- (c) Archives départementales des Côtes-d'Armor
Dossier non géolocalisé
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Aire d'étude et canton
Dinan
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Commune
Dinan
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Adresse
3 place des Merciers
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Dénominationsmaison
Le diagnostic archéologique réalisé en 2021 sur les vestiges de la maison ainsi que les datations dendrochronologiques ont permis de repérer plusieurs phases de construction :
- Un premier édifice dont il resterait l'escalier à vis dans la cave (hypothèse à confirmer) ;
- La Maison dite de Saint-Dinan, édifiée en 1457/58d, et dont le propriétaire selon le rentier de 1518 était Robinet Guérin, procureur-syndic de la communauté de Dinan, c'est-à-dire son maire ;
- La construction d'un bâtiment au nord de celle-ci en 1547d, ce qui entraine une reconstruction du mur gouttereau nord ;
- Une extension à l'angle nord-est datée de 1703/04d, concomitante de restructurations internes à la maison de Saint-Dinan.
L'îlot du Vieux Dinan, dont fait partie la Mère Pourcel, a été acquis par la mairie de Dinan en 1934 dans l'objectif de le préserver. Une première campagne de restauration a été engagée : l'enduit de façade a été ôté, les devantures commerciales menuisées du rez-de-chaussée supprimées et le bâtiment accolé au nord-est essenté d'ardoises.
Suite à son classement comme monument historique en 1961 et au constat de vétusté, une seconde campagne de restauration est menée. Elle consiste notamment à reprendre la charpente et à modifier les ouvertures. La façade place des Merciers retrouve ainsi des fenêtres à claire-voie.
En juin 2019, un incendie a ravagé le bâtiment.
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Période(s)
- Principale : 15e siècle, 16e siècle, 18e siècle
Sise dans l'îlot du Vieux Dinan, entre la rue de la Cordonnerie et celle du Petit Pain, la maison de la Mère Pourcel (précédemment dite de Saint-Dinan) était autrefois incluse dans un tissu urbain plus dense. La disparition du quartier de la Voûte a ainsi dégagé sa façade orientale.
La maison de Saint-Dinan, dont les bois ont été abattus durant l'automne-hiver 1457/58d, est construite sur une cave, possède deux étages carrés ainsi qu'un comble. Les façades sud et est sont en encorbellement. Le pan de bois du rez-de-chaussée repose sur des poteaux isolés du sol par des dés de pierre. Ils ont été remplacés pour partie au XVIIIe siècle par de la maçonnerie de pierre en façade sud. Les poteaux à tête élargies reçoivent la sablière haute, assemblée à enfourchement, ainsi que les poutres de plancher, par des tenons et mortaises chevillés. Du côté intérieur, la liaison entre poutres et poteaux est renforcée par des aisseliers. Pigeâtres, sablières et entretoises sont moulurées. En façade sud comme est, les travées définies par les poteaux sont ornées d’écoinçons. Ceux de la porte de la façade sud dessinent une accolade.
Premiers et second étages sont éclairés par des claires-voies. De petites dimensions, les baies sont soulignées par des appuis filants moulurés et les allèges déchargées par des potelets. De grandes écharpes renforcent le contreventement en façade orientale. En façade sud, chaque étage comporte une porte surmontée d’un trilobe formé par une croix de Saint-André redécoupée. La façade ouest comporte elle aussi une claire-voie, composée de quatre baies à deux ouvertures superposées. Des rainures dans les parties inférieures indiquent des volets coulissants en allège.
En plan, une partie boutique avec étal semble occuper la moitié sud-est de la maison. À l’ouest se trouve une cour et les dépendances, mitoyennes des anciennes halles. Le rentier de 1518 indique des latrines, une écurie et un four.
Le départ d’escalier en vis en pierre de la cave ne fonctionne pas avec le reste de l’élévation. Il peut s’agir d’un état précédent du bâtiment ou bien d’un escalier en remploi. Quant à l’escalier en vis en bois, il est clairement en remploi, ce qui pose la question de son emplacement d’origine et de la desserte des pièces (escalier hors-œuvre ?).
Au XVIe siècle, l’îlot se densifie avec la construction au sud-ouest d’une maison portant la date de 1573 et, accolée au nord de la maison de Saint-Dinan, un bâtiment daté par dendrochronologie de 1547d (1 rue du Petit Pain). C’est probablement à ce moment que le mur nord de Saint-Dinan est reconstruit afin d’y intégrer les cheminées du 1 rue du Petit Pain. À cette occasion, les cheminées d’origine sont déplacées. Elles comportent toutes le même décor avec piédroits chanfreinés et base baguées, à l’exception d’une seule dont les jambages portent un chanfrein plat. La hotte pyramidale de la cheminée centrale du rez-de-chaussée est une reprise. Le pan de bois du 1 rue du Petit Pain est en encorbellement à chaque étage, avec sablières moulurées. Les pigeâtres ne sont pas sculptés. Le contreventement est simple, à poteaux, potelets et écharpes.
En 1703/4d, l’angle nord-est est bâti et sert à faciliter la liaison entre la maison de Saint-Dinan et son extension au nord (1 rue du Petit Pain). Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, une partie de la façade sud est pétrifiée. Les linteaux sont en arc surbaissé, uniquement sur leur face externe. Des modifications de circulation interne sont également observés (cloisonnements) et les ouvertures agrandies, en lien probable avec la mise en location à plusieurs familles. Des fragments de papier peint fleuri attribué à la seconde moitié du XVIIIe siècle ont été mis au jour au cours de l’étude du bâti.
Peu de modifications sont réalisées au XIXe siècle, si ce n’est la mise en place des menuiseries des devantures commerciales au rez-de-chaussée.
Les observations issues du diagnostic archéologique réfutent l’hypothèse d’une maison « à lanterne » dont le plan-type correspond à un plan tripartite avec pièce centrale montant de fond avec cheminée et escalier à vis desservant les étages via des galeries.
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Murs
- bois pan de bois
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Escaliers
- escalier en vis
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État de conservationvestiges
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Statut de la propriétépropriété de la commune
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Protectionsclassé MH, 1961/12/04
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Référence MH
- (c) Archives départementales des Côtes-d'Armor
Bibliographie
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Elen Cadiou (dir.)- Dinan, 3 place des Merciers. Maison de La Mère Pourcel. Rapport final d'opération, diagnostic archéologique, Inrap Grand Ouest, Juin 2021.
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