Menez Goariva à Plougras, littéralement la "montagne du théâtre", le "lieu où l’on joue du théâtre" ["c’hoari", le jeu] culmine à 314 mètres au-dessus du niveau de la mer. Le cadastre de 1834 figure à son sommet un moulin à vent (parcelle n° 633) et un bâtiment (parcelle n° 630), tous deux ruinés comme le suggère les pointillés. Le moulin à vent - décrit comme totalement ruiné en 1853 - aurait appartenu aux moines de l’abbaye de Bégard avant la Révolution. A 300 mètres au sud du point culminant se situe le hameau de Goariva composé de trois logis de ferme selon le recensement du patrimoine de 2010.
Ce point culminant a été choisi en 1736 pour servir de point de repère géodésique lors de l’établissement de la carte du royaume de France par César-François Cassini (1714-1784) dit Cassini de Thury et Giovanni Domenico Maraldi (1709-1788), membres de l'Académie royale des Sciences. Le "signal de Gouariva [Goariva]" figure ainsi sur la "Nouvelle carte qui comprend les principaux triangles qui servent de fondement à la Description géométrique de la France" publiée en 1744.
Cette borne géodésique dite de Cassini fonctionnait par triangulation :
- avec le clocher de Plougasnou et le signal de Toussaine [sic] à la chapelle de Saint-Michel de Brasparts à Saint-Rivoal (sommet à 381 mètres d’altitude) ;
- avec le clocher de Plougasnou et le clocher de Ploumilliau ;
- avec le clocher de Ploumilliau et le signal de la chapelle Saint-Hervé du Méné Bré à Pédernnec (sommet à 302 mètres d’altitude) ;
Cette première borne géodésique, ornée d’une fleur de lys, a été réimplantée en 2012 (voir son état lors du recensement en 2010). La borne a été déplacée (elle avait été photographiée dans la parcelle n° 247 du nouveau cadastre). On ignore cependant pourquoi cette borne a été édifiée alors même qu’existait sur le site un moulin à vent pouvant servir de point de repère. Dès 1805, sept des quinze points géodésiques situés dans le département - dont celui de Goariva - sont détruits selon le géomètre en chef. Les "mire et borne" du Mont Goariva sont pourtant mentionnées en 1832 dans la Nouvelle description géométrique de la France.
Une seconde borne est fichée dans un massif de béton : cette dernière porte les lettres "TP" sur sa face sud pour Trigonometrischer Punkt, "point trigonométrique" en allemand. Elle a été implantée par des géomètres de l’armée allemande durant la seconde guerre mondiale.
En raison du caractère venté du site, un parc éolien a été implanté en 2003 à Roc´h C´hlas – Goariva (huit éoliennes Jeumont de 46 mètres de hauteur et de 48 mètres de diamètre de pale soit une puissance totale de 6 Mégawatt). C’est le premier site éolien créé dans le département des Côtes-d´Armor. Un mât de mesure du vent a été implanté en 2017 sur le site des éoliennes de Roc´h C´hlas – Goariva par la société Valorem, bureau d’études et producteur d’énergie verte.
Un projet de valorisation du site de Goariva est porté par la commune de Plougras : la maîtrise d'œuvre est assurée par l’Atelier de l’Hermine depuis 2017.
Gwénaël Fauchille a réalisé le recensement du bâti et l'étude du patrimoine de la Communauté de communes de Beg ar C'hra : Le Vieux-Marché, Loguivy-Plougras, Plougras, Plounérin et Plounévez-Moëdec.