Cette chapelle dite au 16e siècle Saint-Jean de Keramanac´h ou Saint-Jean de Kermenech (ou village des moines), appartenait à l´ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem ou ordre de Malte et dépendait du membre de Plouaret, rattaché à la commanderie de La Feuillée au 17e siècle. En 1697, la commanderie ou membre de Plouaret dont dépendait la chapelle de Keramanac´h, possédait 13 tenures en Plounévez-Moëdec.
Elle est construite pendant la seconde moitié du 15e siècle. On trouve les armes de Pierre de Keramborgne en Vieux-Marché (?) (casque et coquille), commandeur de la commanderie de La Feuillée en 1449, sur le vitrail de la maîtresse vitre ainsi que les armes de Pierre Viault, commandeur d´Amboise et Procureur Général au Grand Prieuré d´Aquitaine en remplacement de Maurice de Lesmeleuc de la Salle commandeur de la Feuillé lors de la visite en 1603 (de gueules à l´épervier d´or accompagné de trois coquilles d´argent). La balustrade en bois de la chapelle porte l´inscription : "AV. GALLO. 1663.". Selon les croquis de la chapelle dans les terriers de 1701 et 1704, celle-ci était jouxtée au nord par deux maisons couvertes de chaume, et possédait 21 cordes de fond, un cimetière dans un enclos au sud.
Quatre fenêtres, le reliquaire et la toiture sont restaurés en 1708, par Jean Morvan, maçon, Jean Cloarec, menuisier, et Jacques An Moal, couvreur. La chapelle qui menace ruine, est restaurée en 1854 par le recteur de Plounévez-Moëdec, M. Rivoal, qui fait changer la toiture. Celle-ci est refaite en 1871 et deux ans plus tard, le jubé du 15e siècle (?) en chêne est déplacé dans l´église paroissiale. La chapelle fait l´objet d´une campagne de restauration en 1987.
(Gwénaël Fauchille, Guillaume Lécuillier, inventaire topographique 2010)
Les armes du commandeur de La Feuillée Pierre de Keramborgne (décédé en 1449), encore visibles dans le trilobe au-dessus de la lancette droite de la baie 6, indiquent une construction ou restauration de l’édifice dans le second quart du XVe siècle. En 1575, le commandeur Jean Pelletier rend aveu pour son confrère de La Feuillée et déclare posséder les rentes qui tombent au villaige de Keranmenech en la parroisse de Plomenez ainsi que le droict de disme et juridiction. Au milieu du XVIIe siècle, l’église Saint-Jean de Keranmenech est desservie par Mire philippe Locan Chapelain de Keranmenech. En 1697, selon l’état des revenus de la commanderie de La Feuillée, le commandeur perçoit quelques rentes en la chapelle, mais n’est tenu à aucun service. Cependant, il possède les issües y attenant avec ses bois de decoration (…) a la portée dun mousquetade il y à prez d’un ruisseau un emplacement de moulin apellé le moulin du Temple qui fue autre fois destruit du temps des guerres Civilles. Le membre de Keranmenach consiste en quatorze tenües, Touttes les d. Tenues sont sous le fief et juridiction de la commanderie du palacret qui se tiens au bourg de Plouaret, lesquelles tenues sont pareillemment sujectes aux droits quevaiziers. Sur le croquis du terrier de La Feuillée dressé en 1705, la chapelle, placée sous le vocable de Notre-Dame, est flanquée au nord de deux maisons non-communicantes et dotée au sud d’un porche, d’un reliquaire et d’un cimetière clos. Sur le croquis d’arpentement de la chapelle levé en 1730, les deux maisons mitoyennes au nord n’apparaissent plus et la chapelle est à nouveau mentionnée sous le vocable de Saint-Jean. Au milieu du XVIIIe siècle, le procès-verbal d’inventaire de la commanderie de La Feuillée dresse un état de ruine avancée de l’édifice. La Chapelle de notre dame de Keramenech à Plounévez est très vaste et na ny rentes ny fondation ce qui fait quelle est en mauvais etat de reparation tant de charpente que de couverture. Le tout etant percé et le lambry totalement deperis au bas de leglise. Le tout tres indescent pour loffice (…) la massonne manque aussy en quelques endroits. La cloche est fendüe on y dit la Messe Matinale Serte le dimanches. Ilny a que les offrandes et oblations qui aident aluy donne quelques Reparations. Lors de son Itinéraire en 1864, Pol Potier de Courcy signale une tribune en chêne, au bas de la nef, (qui) s'élève sur une voûte à nervures et à pendentifs, et les panneaux de sa galerie, encadrés dans des motifs flamboyants, contiennent les reliefs des douze apôtres. Il poursuit en décrivant le maître-autel, en pierre, est décoré d'un retable en albâtre représentant, en une multitude de petits personnages portant le costume et l'armure du xvie siècle, les principaux actes de la vie et de la mort de Notre-Seigneur. En 1873, les panneaux de la tribune sont enlevés et placés une décennie plus tard dans l’église paroissiale de Plounévez-Moëdec, et en 1903, le maître-autel en albâtre est vend avec l’accord de l’évêque et de la Fabrique.
(Stéven Lemaître, enquête thématique régionale, 2016)
Gwénaël Fauchille a réalisé le recensement du bâti et l'étude du patrimoine de la Communauté de communes de Beg ar C'hra : Le Vieux-Marché, Loguivy-Plougras, Plougras, Plounérin et Plounévez-Moëdec.