Le transport des pierres (synthèse d'après les recherches de l'UTL de Lannion)

le commerce des pierres avait pris une grande extension dans les deux villages de Kerenoc et Keraliès et les lenteurs de communication entre ces deux points et Lannion pouvaient souvent causer de grands dommages. La commune demanda donc le classement à 6 ou 7 m de la route partant de Convenant Marie à Keraliès passant par Saint-Samson. Le Conseil Général semblait sourd aux appels renouvelés et pourtant en 1888, la commune comptait plus de 600 habitants et 200 dits "nomades", le commerce du granite prenait de l'extension. Cette route pourrait rendre de grands avantages non seulement aux habitants de la commune mais à ceux des communes voisines pour l'enlèvement des pierres de granit. Le projet fut toujours remis en cause vu l'état des finances. Il fallut néanmoins trouver une solution. Le maire fit réduire le devis de ce chemin avec l´administration compte tenu des ressources nouvelles que la commune s'est créées en 1893 par la location de deux îles au prix de 290 F l'an.

Le port de Kéralies

Une fois passé l'île de Bivic (ou Biwic), nous arrivons dans la baie de Landrellec. Celle-ci regroupe de nombreux sites portuaires, qui sont surtout des sites d'échouage.

Le port de Keraliès :

Le premier d'entre eux est le port de Keraliès, surtout connu pour avoir fournit à Charles Le Goffic le cadre de son roman "Le crucifié de Keraliès". Dans les sources dont nous disposons, ce port porte le nom de Port K[-er]radic, mais il s'agit bien du même.

Suit le port Kradic, situé à l'Est. Il y a dans le. port un ruisseau qui provient de quelques sources dans le terrain, lequel est presque à sec en été : la mer vient battre la côte à mi-marée ; il ne peut entrer dans ce port que des bâtiments de 50 à 60 tonneaux, y ayant au plein 10 à 12 pieds d'eau.

En 1880, il est question d'établir un embarcadère dans ce port. Ce projet à pour origine les habitants de Landrellec, qui veulent exploiter les rochers de leur côte, pour exporter de la pierre de taille. Les pierres taillées sur place sont actuellement transportées en voiture dans une petite crique de la baie qui est située au sud des villages de Roscanet et de Landrellec et à laquelle on a donné le nom de port de Keraliès. C'est là que les navires viennent s'échouer pour charger à marée basse (AD 22 S Supl. 30). De plus une partie des roches extraites de l'île Grande est exportée par ce port. Il n'existe cependant aucun chemin d'accès à cette grève. Les carriers et marins désirent donc l'établissement d'une cale débarcadère, afin de faciliter les opérations de manutention, et indiquent même à l'ingénieur l'endroit le plus favorable : il s'agit du rocher du Ruludu, qui abrite déjà le fond du port du côté des vents d'ouest. Le maire penche par contre pour l'autre côté de la baie (Arch. nat. Mar. D222, f°149 et Arch. Art. 3a 19, f°168). Cependant, ce projet n'aboutira pas malgré une pétition signée par 96 habitants de l'Île-Grande, qui demandait une cale débarcadère : Notre île possède toute une flottille de petites embarcations, de gabares, de dundees, qui se livrent au transport du granit dont l'extraction constitue l'unique industrie de notre localité. Dans l'état actuel de nos côtes, le chargement de ces navires offre de grands désagréments, nombre de capitaines ou refusent de venir dans notre port, ou exigent des conditions onéreuses pour nos carriers.

Le Pilote de Thomassin, 1875 : havre de Keralies

La grève de Keralies offre aussi un très bon mouillage par les vents de nord-ouest et l'accès déjà assez facile le sera bien plus quand elle sera balisée. Cette relâche a sur toutes autres cet avantage qu'il y a toujours 15 pieds d'eau à l'entrée dans les équinoxes et 7 m dans les mortes-eaux. Avec les vents du sud, sud-ouest et ouest, on reste au mouillage de Vilveur, mais avec ceux de nord-ouest et surtout de nord-nord-ouest, comme la mer passe entre les îlots de la partie nord, on va se mettre à l'abri au sud de l'île de la Souris, où il y a 3 m d'eau à la demi-marée. Il n' y a pas de pilote à l'Île Grande, et c'est très fâcheux pour les navires qui vont à Lannion ; mais on y trouve de très bons pratiques, et il y a une péniche de douane à l'Île Grande et une autre à Roscannet au fond de Keralies, de sorte qu'on ne serait jamais embarrassé pour la sortie.

Il vient tous les ans à Keralies environ 60 navires du port de 20 à 80 tonneaux pour charger des pierres de bordure de trottoirs pour Bordeaux et le Havre, et des gabarres de 20 à 30 tonneaux : les caboteurs y relâchent pendant l'hiver. Il n' y a pas de cale ni de jetée. Il faudrait un appontement pour pouvoir charger à toute heure de la marée. On ne peut donner dans le fond du port qu'à 4 h de montée.

Questionnaire adressé à Monsieur le Maire de Pleumeur-Bodou le 18 avril 1881 sur l'importance du port de Keralies

Synthèse des questions et des réponses, qui permettent d'interpréter et d'évaluer la réalité socio-économique de la commune et de son économie littorale à la fin du 19ème siècle.

Remarque : La rareté de ce type de démarche administrative et d'enquête sociologique (de la part de l'Etat, service de l'Equipement), nous a conduit à en reproduire les résultats. les intéressés garantissaient l'exactitude de leurs réponses.

Le nombre d'ouvriers employés à l'extraction et à la taille des pierres embarquées à Keralies : 7 familles concernées, soit 47 âmes, travaillant sur 15 chantiers, à raison de 10 ouvriers par chantier.

Le nombre de familles vivant de ce commerce dans les deux villages concernés Keralies et Landrellec : 13 familles soit 66 âmes.

Le nombre d'habitants agglomérés au village de Landrellec, le plus proche du port : 54 habitants (présence d'un poste de douane).

Le nombre de navires venant moyennement chaque année à Keralies pour l'exportation des pierres et leur tonnage : 166 navires chargeant 5260 tonneaux au total en 1881, dont 25 navires chargeant au total 2000 tonneaux, et les autres navires chargeant entre 50 et 200 tonneaux. La moyenne annuelle de ces dernières années était de 3000 tonneaux (chiffre supérieur à celui du port de Lannion).

Le cubage annuel moyen des pierres taillées exportées est de 1980 m3 à destination de Bordeaux pour une valeur sur place de 46800 m3 et de 180 000 m3 à Bordeaux.

Le cubage moyen annuel pour le littoral compris entre Roscoff et le Cap Fréhel est de 53 000 m3 de pierres brutes, valeur sur place : 11500 m3 et valeur de destination : 23 000 m3.

Les principaux ports de destination des pierres embarquées : Bordeaux, Le Havre, Rouen, Fécamp. Pour les petits navires : tous les ports du littoral.

Les autres points d'embarquement des pierres sur l'Île-Grande : un grand nombre, "comme ils peuvent".

Keralies est cependant le point de la côte où l'on embarque le plus de pierres et représente le meilleur emplacement pour un débarcadère.

Le cubage approximatif des pierres exportées dans les autres parages de l'Île Grande : 800 m3.

Le nombre, le tonnage, l'équipage des bateaux attachés à Keralies : 3 navires de 60 tonneaux chacun (équipage de 5 à 6 hommes), 8 navires de 20 à 25 tonneaux (équipage de 3 hommes), soit 11 navires armés par environ 42 hommes d'équipage.

Questionnaire sur le commerce possible des pommes de terre

La surface approximative ensemencées en 1882 : 250 hectares, fournissant un fret d'exportation depuis Pleumeur-Bodou.

La production moyenne à exporter : 80 000 kg, représentant une valeur de 40 000 francs.

La quantité exportée embarque actuellement à Perros-Guirec et à Lannion, ports éloignés des lieux de production et de Keralies de 10 à 12 km. Le transport s'effectuant par des chemins souvent impraticables.

Le nombre de familles appelées à profiter de la création du port, du point de vue agricole est de 300 familles.

Les bateaux employés à la récolte et au transport du goémon : 10 bateaux.

Les chiffres annoncées en réponse à ce questionnaire semblèrent par la suite (en 1883) exagérées à l'ingénieur en chef, qui devait justifier de la grosse dépense à imputer à la construction du débarcadère.

20062203752NUCB : Archives départementales des Côtes-d'Armor, S. Supl. 647.

20062203743NUCB : Archives départementales des Côtes-d'Armor, S. Supl. 168.

20062203742NUCB : Archives départementales des Côtes-d'Armor, S. Supl. 168.

20062203740NUCB : Archives départementales des Côtes-d'Armor, S. Supl. 168.

20062203741NUCB : Archives départementales des Côtes-d'Armor, S. Supl. 168.

20062203744NUCB : Archives départementales des Côtes-d'Armor, S. Supl. 168.

20062203745NUCB : Archives départementales des Côtes-d'Armor, S. Supl. 168.

20062203747NUCB : Archives départementales des Côtes-d'Armor, S. Supl. 168.

20062203746NUCB : Archives départementales des Côtes-d'Armor, S. Supl. 168.

20062203755NUCB : Direction départementale de l'Equipement (Côtes-d'Armor)

20062203754NUCB : Archives départementales des Côtes-d'Armor, S. Supl. 219.

20062203748NUCB : Archives départementales des Côtes-d'Armor, S. Supl. 168.

20062203750NUCB : Archives départementales des Côtes-d'Armor, S. Supl. 168.

20062203751NUCB : Archives départementales des Côtes-d'Armor, S. Supl. 168.

20062203749NUCB : Archives départementales des Côtes-d'Armor, S. Supl. 168.