LE FORT DE L'ILE AUX MOINES.
ARCHIPEL DES SEPT-ILES
in La route des fortifications en Bretagne et Normandie de Guillaume Lécuillier, coll. les étoiles de Vauban, Paris, éditions du Huitième jour, oct. 2006, 196 p.
"Les îles ne sont pas habitées excepté celle dite Les Moines qui est de longueur égale à 240 toises de long, 25 cent de large, qui tire son nom d´un couvent de Cordeliers qui l´abandonnèrent il y a plus d´un siècle, et il n´y reste aucun vestige de bâtiment.
C´est aussi la seule qui puisse l´être par les avantages qu´elle a sur les autres qui sont.
Premièrement : deux sources d´eau douce dont l´une ne tarie jamais.
Deuxièmement : parce qu´elle est accessible par deux endroits aux bâtiments qui peuvent mouiller sur un bon fond et s´y mettre à l´abri de tous vents. Ce sont ces deux petits mouillages qui ont rendu les Sept-îles aussi fameuses que redoutables, pendant la dernière guerre [celle de La ligue d´Augsbourg], à cause de l´établissement que les corsaires de Jersey et de Guernesey y avaient fait, lesquels y trouvant un asile assuré, en bon parage pour des captures, y étaient quelquefois de huit à dix ensemble d´où découvrant tous les bâtiments qui approchaient de la côte couraient sur eux et enlevaient presque toujours ceux sans convoi, en sorte qu´ils désolèrent le commerce et détruisirent le cabotage par la quantité de prises qu´ils firent lesquelles coûtèrent 13 ou 14 cent mille livres à la Province". Garangeau, Description des Sept-Iles, mars 1739.
Plusieurs projets de batterie et fort dans l'archipel des Sept-îles en face de Perros-Guirec, sont établis en avril 1694 ; 1718 ; 1739 ; 1740-1746.
Au cours de ses tournées d´exploration et d´inspection sur les côtes de Saint-Malo, Vauban fut poursuivi par des chaloupes anglaises en revenant du fort La Latte en 1694. Cet épisode malheureux fit dire au Roi la nécessité de "mettre du canon" dans l´archipel des Sept-îles en face de Perros-Guirec qui servait de refuge aux corsaires... La batterie évoquée par le Roi lui- même en avril 1694, projetée sur papier en 1718 et 1739 ne trouva un début de réalisation qu´en février 1740 avec la construction d´un fort sur l'île aux Moines disposant de batteries couvrant toutes les approches, redoute, caserne et même potager (pour occuper les soldats...). Garangeau, architecte et ingénieur du Roi, directeur des fortification de Saint-Malo (couvrant le territoire allant du Couësnon au château du Taureau en baie de Morlaix) a alors 89 ans. Il concevra là son dernier fort qui sera achevé en 1746 par l´ingénieur Parrocel, de la famille des peintres de bataille (auteur notamment des peintures murales de l´Hôtel Royal des Invalides à Paris).
Propriété du Conservatoire du Littoral, le fort de l´île aux Moines inscrit au titre des Monuments Historiques se visite au départ de Perros-Guirec. En empruntant vers l´ouest le chemin de ronde défilé par un parapet, on découvre la caserne et le fort perché sur son rocher. La redoute pentagonale servait de corps de garde et de réduit défensif. Sortant du fort par la grande porte, on chemine vers le phare reconstruit après la seconde Guerre Mondiale. On peut attendre la navette sur la plate-forme de la grande batterie à canon de Cosmoguer en admirant l´île Bono toute proche.
Sur la côte de Granite Rose, l´archipel des Sept-Iles est surtout connu pour son exceptionnelle réserve naturelle qui compte une colonie de fous de Bassan (près de 15 000 couples !) sur l'île Rouzic.