La tradition localise ici un monastère fondé au 6e siècle par saint Guévroc. Dans son étude sur la chapelle, René Sanquer reprend la description que fait F. Henry des plus anciens monastères irlandais (HENRY, F. L'art irlandais. Éd. du Zodiaque, t. 1, p. 70, 77, 157) : "oratoire bâti sur une île auprès d'une fontaine d’eau douce, généralement entouré d'un remblai de terre ou d'un mur de pierres. À l'intérieur de l'enceinte, une stèle funéraire dressée marquait l'emplacement de la tombe du fondateur du monastère ou du premier occupant de l'ermitage. Les fidèles se rassemblaient pour le culte autour d'un second monument, un pilier, qui, vers la fin du VIIe siècle, prend un aspect plus monumental".
Chapelle : plan au sol (état en 1875-1876). Plusieurs éléments constitutifs de ces monastères sont rassemblés à Saint-Guévroc. La chapelle est construite sur ce qui était autrefois une île : Enez bras, "la grande île". Une fontaine coule dans le sanctuaire. Deux stèles ont été retrouvées, l'une à l'intérieur, l'autre dans le cimetière entouré d'un remblai. Cependant, les fouilles effectuées en 1978 n'ont permis de découvrir aucune trace de construction remontant au 6e ou au 7e siècle. Elles ont mis en évidence les murs d'un édifice antérieur aux fondations du chœur datant du 15e ou 16e siècle, qui supportent les murs actuels. Ces murs forment l'angle sud-ouest d'un bâtiment décentré par rapport aux chapelles postérieures et sans doute plus grand. La direction de l'escalier - mentionnée en B' C' sur le plan de Madeleneau reprend cette orientation.
Cet ancien édifice était entouré d'une dévotion particulière car le blocage central des murs avait été évidé, laissant entre les deux parements suffisamment d'espace pour des sépultures masculines, placées plus près du saint. Autour de la chapelle un cimetière a été mis à jour, contenant des tombes superposées, remontant aux 12e et 13e siècles pour les plus anciennes, au 16e siècle pour les plus récentes.
À partir du 17e siècle, l'ensablement progressif force à abandonner les lieux jusqu'en 1869. À cette date commencent les travaux de dégagement : mur est et maître-autel. En 1872, le chœur entier est découvert. Son sol est pavé, alors que la nef reste enterre battue. L'édifice mesure environ 6 m x 12 m. On a également dégagé un mur de clôture se dirigeant vers la mer, invisible aujourd'hui. En 1873, des actes de vandalisme font renoncer à la poursuite des travaux. Enfin entre 1895 et 1898, la chapelle actuelle est construite sur les fondations encore visibles de l'ancien bâtiment. Elle ne comporte qu'un seul vaisseau ouvert par deux portes et une baie sur le côté sud.
(M. -D. Menant)
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