En consultant les archives privées de la ferme, étudiées et retranscrites méticuleusement par un membre de la famille, on apprend que la maison actuelle a remplacé dans les années 1820 un logis bien plus modeste bâti à la fin du 17e siècle ne comportant qu’une pièce en rez-de-chaussée.
D’après lui, « les habitants de Kerstrat étaient de petits bourgeois se faisant appeler "honorable homme ou honorable femme", vivant vraisemblablement du commerce en plus du revenu de l'exploitation. Dès la fin du XVIIe siècle et jusqu'au bon milieu du XVIIIe siècle plusieurs membres de leurs familles travailleront pour les différentes Compagnies des Indes. Comme laissent entrevoir les nombreux inventaires, la vie à Kerstrat était relativement aisée et on prêtait volontiers de l'argent sous obligation. Les gens de Kerstrat faisaient partie des notables de Plogoff, siégeant au Conseil de Fabrique, dans la compagnie du Guet, puis au Conseil Municipal. Kerstrat sera même un temps la mairie de Plogoff. »
On peut observer de nombreuses dates sur les bâtiments actuels de la ferme, toutes renvoyant au 19e siècle. Les plus anciennes sont portées sur les cinq bâtiments signalés sur le cadastre de 1837 : 1814 et 1820 sur un ancien logis devenu dépendance et appelé ti nevez, 1818 sur une étable aujourd’hui ruinée, 1822 sur le logis principal, 1828 sur le pignon sud des crèches à cochons et 1838 sur la grange. L’écurie, qui est devenue le lieu d’habitation, porte la date plus tardive de 1845 et a été rehaussée d’un étage dans la première moitié du 20e siècle. Deux chambres y ont été aménagées à ce moment au-dessus des chevaux.
Viennent ensuite deux dates renvoyant aux années 1860. Celles-ci témoignent d’une volonté fort probable des propriétaires d’embellir leur ferme car on les observe sur des bâtiments ou édicules très soignés : Elles se trouvent sur l’alignement crèches à cochons / pigeonnier (1861) et sur l’un des quatre piliers en granite qui ouvrent l’allée menant à la ferme (1864). A ce sujet, l’étude des archives de la ferme montrent qu’à partir de décembre 1860, le propriétaire des lieux contracta 26 emprunts pour une somme totale d’environ 30.000 francs.
Le seul changement à signaler sur la ferme entre les deux enquêtes d’inventaires concerne la disparition des grands ormes qui bordaient l’allée menant à la ferme.
Photographe