Le moulin à marée de Keridreuff a été construit aux alentours de 1800. Bien avant, la rivière du Goyen, sur laquelle il est situé, compte déjà le moulin à eau de Pen-ar-Han dont la construction est estimée à la fin du XVIIe siècle. Mais le fonctionnement de ce moulin est très irrégulier à cause du canal qui est régulièrement comblé par des dépôts de limons et débris, et les périodes d'étiage et de sécheresse qui se succèdent. Par ailleurs le pont de Pont-ar-Hantic empêche un bon écoulement des eaux, provoquant l'inondation des berges en amont. Cela n'est pas sans conséquence sur la production de farine du moulin qui ne suffit plus à nourrir la population de Pont-Croix, augmentée du fait de la présence de troupes militaires qui y sont cantonnées pour la défense du Cap-Sizun en 1793.
C'est dans ce contexte que Guillaume Piriou, qui possède déjà 3 moulins, demande à construire un moulin à marée. L'autorisation lui est accordée le 14 septembre 1798. Dès le début de la construction, Jean Dumoulin, meunier du moulin de Pen-ar-Han fait part de ses inquiétudes à propos des conséquences sur le fonctionnement de son moulin. Ses inquiétudes se confirment et, en 1806, Simon Audren, son beau-fils, s'en plaint auprès des services des Ponts et Chaussées. Deux experts sont nommés pour évaluer la situation, mais ceux-ci considèrent que les dysfonctionnements sont dûs au mauvais entretien du moulin.
L'emplacement du moulin laisse supposer qu'il n'était pas très performant et l'on suppose que la fin de son activité coïncide avec la construction d'une minoterie à Keridreuff en 1866, ce qui signifierait que le moulin aurait fonctionné moins d'un siècle.
(Claire Nadolski, 2017)
Chargée d'étude (GRIEF EA7465 - ENSAB)